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Reportage
"On a fait, en un an, les volumes que l'on imaginait faire au bout de trois" : le vin sans alcool convainc de plus en plus
Bière sans alcool, vin pétillant avec un taux d'alcool de moins de 0,5% : l'offre de boissons apéritives sans alcool s'élargit de plus en plus. Pour le bonheur des consommateurs et des producteurs de vin.
Alors que plusieurs millions de Français devraient participer, en 2025, au "Dry January" ou "janvier sobre", une opération qui nous invite à arrêter notre consommation d'alcool après les excès du mois de décembre, certains optent pour le vin sans alcool. Un marché qui ne s'arrête pas au "mois sans alcool" et qui est en plein essor.
À Bordeaux, la première cave "sans alcool" a ouvert ses portes en novembre 2024. Sa clientèle est très hétéroclite. De ceux qui ont "perdu le goût et l'odorat" comme cette cliente qui cherche à "retrouver le plaisir du vin, mais sans alcool" aux femmes enceintes comme Fanny, 33 ans, qui en a "un petit peu marre de la bière sans alcool". Et l'offre est désormais importante : dans toutes les régions viticoles françaises, il y a du vin et des pétillants sans alcool.
"Il ne faut pas vous demander si c'est un bon ou un mauvais vin"
Anne Kettaneh, fondatrice de cette cave, nommée "Belle Grappe", conseille toutes sortes d'amateurs de vin. "J'ai, à la fois, des gens qui ne consomment plus d'alcool, ou qui ne consomme pas d'alcool pour des raisons de santé. J'ai aussi des anciens alcooliques, qui sont contents d'avoir des alternatives. Mais j'ai aussi énormément de curieux qui veulent savoir quel goût ça a", explique la caviste. Lors de la dégustation, Anne Kettaneh explique que "la première chose" qu'elle dit "aux visiteurs, c'est que ce n'est pas un vin, c'est une autre boisson. Il ne faut pas vous demander si c'est un bon ou un mauvais vin. Il faut vous demander si vous avez du plaisir à boire cela".
Ce vin intéresse aussi ceux qui se lancent un défi sportif ou qui entame un régime, car ce vin est beaucoup moins calorique. Pour autant, il s'agit d'un marché de niche. Seule 0,5% de la production mondiale de vin est sans alcool, mais la demande ne fait qu'augmenter. Certains ont même investi plusieurs millions d'euros.
Philippe Cazeaux est le directeur de Bordeaux Families, l'une des plus grandes unions de coopérative dans le bordelais, à Sauveterre-de-Guyennes, qui produit principalement du vin et du crémant (avec alcool). Bordeaux Families a investi 2,5 millions d'euros dans un bâtiment et une machine en inox qui désalcoolise le vin. "trois gros tuyaux, des colonnes de distillation, dans lesquelles il y a de la vapeur à basse température pour évaporer l'alcool".
"La qualité du vin sans alcool dépend de la qualité du vin que l'on a à l'origine."
Philippe Cazeaux, directeur de Bordeaux Familiesà franceinfo
Depuis la mise en place de cet outil, il y a un peu plus d'un an, 2 millions de bouteilles ont été produites. Une cadence beaucoup plus rapide que prévu. "On a fait, en un an, les volumes que l'on imaginait faire au bout de trois ans. Le départ a été bien meilleur que ce que l'on attendait" explique Philippe Cazeaux.
Une réponse à la crise que traversent les producteurs de vins
Dans le Bordelais, les vins rouges représentent 80% de la production, or les consommateurs en boivent de moins en moins. Christophe Château, porte-parole du CIVB, le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, qui regroupe les 5 000 vignerons et les 300 négociants qui produisent et commercialisent les vins de bordeaux, estime que "pour répondre à la crise de baisse de consommation, notamment en France, il y a deux sujets".
D'abord, la réduction de l'offre. "C'est ce qu'on a fait avec de l'arrachage", poursuit-il. "Mais c'est aussi relancer la demande. Cela peut être avec de la diversification. Le vin sans alcool est une piste de diversification possible". Une manière de s'ouvrir à de nouveaux marchés. En France, de nombreux restaurants hallal proposent désormais du vin sans alcool. "Un business potentiel évident", pour Christophe Château.
Et cela se vérifie : une vigneronne de la huitième génération d'une famille de Saint-Émilion, Coralie de Boüard, a lancé un vin sans alcool à la demande des propriétaires qataris du club de football Paris-Saint-Germain. Cette cuvée "Prince Oscar" est vinifiée à la Montagne Saint-Émilion et totalement désalcoolisée, au prix de 25 euros la bouteille.
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