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Reportage
"Il n'y avait plus rien après le passage du feu" : en Gironde, la végétation reprend ses droits après les gigantesques incendies de l'été 2022
Cette année-là, le feu avait ravagé 32 000 hectares de végétation dans les Landes de Gascogne.
En Gironde, la nature commence à reprendre ses droits, trois ans après les gigantesques incendies qui ont ravagé le plus grand massif de résineux d'Europe. À l'été 2022, 32 000 hectares étaient partis en fumée dans les incendies dans la forêt des Landes de Gascogne. Dans le village de Hostens, le département vient de créer une réserve biologique de 400 hectares dans les pinèdes brûlées.
Un panneau rouge, à l'entrée des anciens chemins forestiers, indique : "Secteur fermé : danger". Derrière, l'ancienne forêt n'est plus qu'une lande recouverte de fougères. Quelques pins noircis sont encore debout, donnant au paysage des allures de cimetière. "Là, on rentre dans la zone qui a bien brûlé parce qu'on vient de sortir du cœur du village d'Hostens", décrit Margaux Moretto, botaniste, du conservatoire botanique national sud-Atlantique.
"Le feu s'est plutôt attaqué aux petits arbres"
Elle est l'une des rares à avoir le droit de s'y aventurer, pour y étudier le retour des végétaux : "On ouvre la barrière, ce sont des passages qui sont utilisés par les pompiers. C'est cool parce qu'il y a des jolies choses à voir, en ce moment." La botaniste s'engouffre dans les hautes herbes qui ont repoussé sur les cendres.
Elle s'arrête pour pointer du doigt une minuscule plante rouge : "Ce sont des droséras, des petites plantes carnivores. Elles ont survécu, on les retrouve un peu partout. Le feu s'est plutôt attaqué aux petits arbres qui faisaient 1,5 mètre, 2 mètres de haut, plutôt qu'à ces petites plantes-là qui ont trouvé refuge dans l'humidité du sol. Plus on se retrouve dans des zones sèches au moment du passage du feu, dans des pinèdes, plus l'impact a été fort. Dans les pinèdes, il n'y avait plus rien après le passage du feu...", glisse-t-elle. La scientifique avait des doutes sur le retour des espèces. Aujourd'hui, elle se dit rassurée : aucune plante n'a complètement disparu depuis l'incendie.
"Des pignes de pin sautaient enflammées et retombaient 300 mètres plus loin"
Cette réserve est née du traumatisme des incendies pour les habitants. Devant l'église d'Hostens, José vient chercher son déjeuner à l'épicerie. Le retraité est bénévole à la DFCI, l'association de défense des forêts contre l'incendie. Il se souvient encore de la vitesse à laquelle la pinède a brûlé : "Des pignes de pin sautaient enflammées et retombaient 300 mètres plus loin. Dans la nuit, on les voyait. Il y avait les gendarmes avec moi, on attendait les pompiers."
"Il ne marchait pas le feu, il courait. C'était impressionnant."
Joséà franceinfo
"Il n'y a plus rien. Si vous regardez après le virage là-bas, vous voyez jusqu'à Guillos, c'est à 18 km d'ici", insiste José. Les pins maritimes, plantés par l'homme depuis Napoléon III, c'est le paysage d'enfance de Jean-Luc Gleyze, le président du département.
Mais il est conscient que cette monoculture a précipité la propagation des flammes : "Ce qu'il faut c'est que les propriétaires tirent enseignement de la manière dont ils doivent cultiver cette forêt. Certains me semblent commencer à avoir des pratiques un peu plus vertueuses. D'autres sont en train de replanter au maximum, au plus près des routes, au plus près des pistes, essayer d'exploiter au maximum la passerelle alors qu'a contrario, il faudrait diversifier les plantations", insiste-t-il. Avant de préciser : "J'ai l'impression que l'amnésie collective réagit trop vite par rapport à la nécessité de cette mémoire."
Vers des hybridations ?
À Hostens, le département a sanctuarisé 500 hectares. Ils ne seront pas replantés. Comme dit Jean-Luc Gleyze, le département va laisser "carte blanche" à la nature. Une partie de la réserve va même être totalement isolée de l'homme. Une parcelle de 50 hectares appelée "zone d'évolution libre". Il n'y a désormais que des vaches marines sauvages pour entretenir le terrain. Paul Tourneur, de l'Office national des forêts les observe de loin avec ses jumelles.
"Dans les zones d'évolution libre, les processus évolutifs sont beaucoup plus intenses qu'ailleurs."
Paul Tourneurà franceinfo
"On peut voir des choses émerger, insiste Jean-Luc Gleize. Comme, par exemple, tout à l'heure on a vu le chêne pédonculé et le chêne tauzin, ils peuvent s'hybrider et pourquoi pas nous proposer des individus plus résistants aux incendies demain. On ne sait pas, mais ça peut être le cas. Ce sont des choses comme ça qu'on imagine et qu'on espère." Les agents de l'ONF espèrent à terme que la réserve deviendra un refuge pour des espèces menacées, comme la Grande Noctule, la plus grande chauve-souris d'Europe.
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