Immobilier : depuis le développement du télétravail et avec des taux d'intérêt en hausse, les immeubles de bureaux se vident en Île-de-France

Face à cette situation, l'Observatoire régional de l'immobilier d'entreprise en Île-de-France propose de transformer ces espaces vacants en logements.

Article rédigé par franceinfo - Marine Clette
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Selon les dernières estimations, on atteint 5,6 millions de mètres carrés de bureaux vacants en Ile-de-France (sur neuf millions en France). (BLOOMBERG / BLOOMBERG)
Selon les dernières estimations, on atteint 5,6 millions de mètres carrés de bureaux vacants en Ile-de-France (sur neuf millions en France). (BLOOMBERG / BLOOMBERG)

Jamais les bureaux de la région Île-de-France n'ont été aussi déserts. Même à la Défense, où un bureau sur six est vide. Selon les dernières estimations du groupement Immostat, 5,6 millions de mètres carrés de bureaux sont actuellement vacants (sur neuf millions en France), soit deux fois plus qu'il y a cinq ans.

Il suffit d'aller jeter un coup d'œil dans le 10ᵉ arrondissement. "Donc on va visiter les 300 mètres carrés qui sont au premier étage. C'est assez lumineux", présente Jonathan Roch Cohen. Il pensait le louer en quelques semaines, mais après six mois sur le marché, à peine dix visites. 

"On a beau baisser le loyer, ça ne marche pas"

"On a beau baisser le loyer, ça ne marche pas. On est à la troisième baisse depuis six mois. On va être à 430 euros du mètre carré alors qu'en général, dans le marché du 10e arrondissement, on est facilement autour des 600 euros du mètre carré", estime-t-il. Depuis trois ans, l'agent immobilier de chez ALC remarque bien que ses bureaux séduisent moins. La faute, selon lui, à la hausse des taux d'intérêt, qui a notamment découragé les start-up à s'installer.

Ces jeunes entreprises, qui peuvent d'ailleurs grossir ou disparaître plutôt rapidement, préfèrent être plus flexibles et ne pas avoir de bureau fixe. "J'ai pris celui-là pour exemple parce qu'il est assez central et que je ne comprends pas pourquoi il a du mal à se louer. Mais on en a d'autres qui sont dans la même situation où ça a beaucoup de mal à trouver preneur", regrette Jonathan Roch Cohen.

Le télétravail change la donne 

"On est au siège de la société qui est dans le 8e arrondissement à Paris. On est installé depuis 2018. On dépense 16 000 euros par mois, sans les charges", explique Yves Kéromnèss, le patron de Sky Consulting. Cela représente près de 200 000 euros par an, soit 3% de son chiffre d'affaires. Le dirigeant aimerait beaucoup s'en passer, d'autant plus que ses 26 salariés ne sont pas toujours présents.

"La surface est inoccupée à 50%. Le mercredi, j'ai beaucoup moins de monde. Comme il y a des jours de télétravail au choix, le vendredi il n'y a même personne", raconte-t-il.

Le chef d'entreprise envisage donc de quitter ses bureaux pour des espaces de coworking qui lui reviendraient beaucoup moins cher. En moyenne, aujourd'hui, un bureau sur dix est vide en Île-de-France. C'est particulièrement vrai au-delà du périphérique. À Saint-Denis, par exemple, le taux de vacances grimpe à 20%. C'est cinq fois plus que dans le centre de Paris. 

Transformer ces espaces de bureaux en logements

Pour favoriser ces transformations, l'Observatoire régional de l'immobilier d'entreprise en Île-de-France vient de lancer un outil : un baromètre censé aider les villes, les propriétaires ou encore les agences immobilières pour savoir s'il est pertinent et rentable de convertir un bureau en habitation. L'indice varie en fonction du quartier, du prix des locaux ou encore de l'attractivité du territoire. Le gisement est déjà colossal : 150 000 logements pourraient ainsi être créés dans les prochaines années, selon Joachim Azan, le président de l'Observatoire.

"On est vraiment face à deux crises : la crise du bureau et la crise du logement. De ces deux crises distinctes, peut naître une solution unique."

Joachim Azan, président de l'Observatoire régional de l'immobilier d'entreprise en Ile-de-France

à franceinfo

Il insiste : il n'y a pas une minute à perdre. "Cela fait peut-être 35 ou 40 ans qu'on n'a pas eu un alignement de planètes aussi favorables. La vacance des bureaux - le fait qu'il y ait beaucoup de bureaux vacants - donne un immense champ d'opportunités", espère Joachim Azan.

Le principal frein reste économique. Cela coûte 20 % plus cher de transformer en immeuble de bureaux plutôt que de bâtir un logement neuf.

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