Réforme des retraites : on a suivi la manifestation parisienne avec les forces de l'ordre d'un côté et les manifestants de l'autre
Deux journalistes de franceinfo se sont rendus mardi à la manifestation parisienne contre la réforme des retraites. L’un du côté des forces de l’ordre, l’autre du côté des manifestants, qui livrent un point de vue différent.
Les 76 gendarmes mobiles de l'escadron de Drancy ont encadré presque toutes les manifestations contre la loi retraite. Mardi 28 mars, au 10e jour de la mobilisation contre la réforme contestée, deux heures avant le départ, boulevard Voltaire, le lieutenant Adrien brieffe ses hommes : "On ne répond pas aux provocations, on ne parle pas à l'adversaire. On reste stoïque, on le laisse parler. Ensuite : emploi proportionné de la force. Avez-vous des questions ? A 13 heures, tout le monde est équipé, prêts pour la mission !"
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Vient le moment de s'équiper : jambières, gilet pare-balles. "Si cela reste calme, on ne mettra pas le casque, commente un gendarme. Cela dépend des évènements." L'équipement pèse son poids : "Je pense qu'on est pas loin des dix kilos, sourit le gendarme. A la fin de la manif, il fait chaud !" Les montres affichent 14h06 et, appuyé par un porte-voix, un ordre est lancé à l'adresse de l'escadron : "Soyez prêts à faire mouvement direction Nation !" Les fourgons bleus commencent à rouler devant au pas, suivi par les gendarmes à pied qui donnent le tempo au cortège.
Cette fois-ci, pas de heurts dans le pré-cortège
Une heure plus tard, dans le pré-cortège, plusieurs centaines de mètres devant les syndicats, les manifestants marchent derrière les gendarmes. La semaine dernière, c'est à ce niveau du cortège que des heurts ont éclaté, avec, pêle-mêle, mouvements de black blocs, gilets jaunes, ultra-gauche et manifestants punks. Des accusations de violences policières, aussi, ou d'emploi disproportionné de la force. Mardi, à l'avant du cortège, un jeune homme diffuse un morceau des Sex Pistols. Il est "encore en terminale", après de mauvais choix d'orientation : "Moi, je suis pacifiste, indique-t-il. Ceux qui veulent faire violemment, libre à eux. Moi, je suis là pacifiquement, pour mettre de la musique."
Un peu plus loin, la proximité des gendarmes, qui donnent le rythme à la marche, ne plait pas à tout le monde. "On est comme des moutons, et en plus c'est dangereux ce qu'ils font !", peste ainsi Jean-Yvon, enseignant.
"Ils sont là par provocation, pour que les jeunes leur rentrent dedans. S'ils ne sont pas là, ça se passe très bien !"
Jean-Yvon, enseignantà franceinfo
"On n'est pas en colonie de vacances ici, on n'est pas obligés de les suivre, ces gens-là, d'autant plus que s'ils chargent, ils ne vont pas nous faire de cadeau", conclut Jean-Yvon. C'est lui, en habitué des manifestations, qui calmera les plus excités des jeunes manifestants à l'avant de ce cortège. D'ailleurs, le groupe laissera filer les gendarmes, à la grande surprise de ces derniers. "Je ne sais pas pourquoi ils se sont arrêtés, c'est la première fois que je vois ça !, commente, dubitatif, le capitaine Frédéric. Pour nous c'est confortable parce qu'on garde une distanciation et ça évite tous les projectiles et autres qu'on peut recevoir. C'est parfait !"
La discrétion des forces de l'ordre permet l'apaisement
Et cela évite de faire monter la tension. Les forces de l'ordre, dans le même temps, empruntent des rues parallèles, à l'abri des regards des manifestants. La tête de cortège avance, plutôt calme, à l'exception de quelques pétards. Une commissaire de police est touchée au mollet. A 15h33, le cortège est arrivé place de la Nation, dans le 20e arrondissement de Paris. Les gendarmes du capitaine Frédéric se dirigent vers la gauche de la place. "Ils ont le droit de manifester jusqu'à 19 heures, explique l'officier. On doit tenir cette avenue et une rue pour leur interdire le passage dans ce sens-là."
Il reste trois heures avant la dispersion de la manifestation. Un flottement a gagné la place : les plus virulents des manifestants tentent ici d'allumer un feu de poubelle, là de briser une vitrine, sans vraiment parvenir à créer de véritable mouvement. Hors quelques interventions sporadiques, policiers et gendarmes restent en retrait. Parmi les manifestants s'est installé le sentiment que c'est leur discrétion qui a permis que le rassemblement soit apaisé jusqu'à l'ordre de dispersion.
Lors de la dispersion, gaz lacrymogène et charges musclées
Ce dernier est lancé par une commissaire au moyen d'un mégaphone : "Mesdames et messieurs, c'est une fin de manifestation : vous pouvez quitter la place de la Nation par les différents axes, merci !" Pendant la dispersion, on observe bien quelques jets de projectiles, quelques salves de gaz lacrymogènes et quelques charges musclées de la police. Mais l'on observe aussi des échanges entre manifestants et forces de l'ordre. Comme Léa et Johanne, deux jeunes femmes venues de Seine-Saint-Denis, qui discutent avec le capitaine Frédéric des violences policières : "Au début, on n'ose pas trop aller les voir, indique la première. On s'est dit que ce serait sympa d'avoir leur point de vue. On en fait ce qu'on veut, mais c'est quand même sympa d'avoir une conversation productive. Il était très ouvert !"
"Je ne suis pas d'accord, tranche un manifestant. J'ai essayé de discuter avec eux, de leur expliquer nos actions. Or la plupart d'entre eux méconnaît le cadre légal de notre action : ils ne connaissent pas nos droits et ne connaissent pas leurs devoirs."
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