Gouvernement de François Bayrou : la question du port du voile dans le sport fait apparaître des clans au sein de l'exécutif

Un sujet explosif, un gouvernement hétérogène et des ambitions personnelles : la question du port du voile dans les compétitions sportives a mis en lumière les fractures internes au sein de l'exécutif. Entre soutiens affirmés à l'interdiction, fidèles du président et ministres de gauche en retrait, trois blocs se dessinent dans le gouvernement.

Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
François Bayrou entouré de plusieurs ministres lors d'une séance de questions au gouvernement, le 19 mars 2025. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)
François Bayrou entouré de plusieurs ministres lors d'une séance de questions au gouvernement, le 19 mars 2025. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

La question de l'autorisation du port du voile dans la pratique sportive a fait l'objet de discours contraires au sein de l'exécutif. Pour mettre un terme à la cacophonie, François Bayrou a même dû recadrer ses ministres, mardi 18 mars, en les appelant à la "solidarité". Il n'empêche, ce sujet ne fait pas consensus parmi les ministres. Le premier camp est celui des poids lourds du gouvernement, unis sur la question du voile dans les compétitions sportives. Ce bloc est dominé par Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, et Gérald Darmanin, ministre de la Justice, qui se présentent comme un tandem soudé, partageant stratégies et dîners. Autour d'eux gravitent plusieurs soutiens, notamment la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, qui va jusqu'à appuyer publiquement la candidature de Bruno Retailleau à la présidence des LR.

D'autres ministres issus de la droite proches d'Édouard Philippe, renforcent ce courant : Charlotte Parmentier Lecoq ( Handicap), Laurent Marcangeli (Fonction publique), ainsi qu'Annie Genevard (Agriculture). Certains d'entre eux, anciens militants de l'UMP, se retrouvent régulièrement lors de dîners ministériels, consolidant ainsi leur influence.

Face à ce premier bloc, un autre groupe se distingue : celui des fidèles du chef de l’État. Ces ministres, solidement ancrés dans l'orbite présidentielle, se montrent peu enclins aux dissensions. Parmi eux, Sébastien Lecornu (Armées), Patricia Mirallès (Anciens combattants), Catherine Vautrin (Santé/Travail) et Rachida Dati (Culture). Leur position, bien que moins visible, repose sur une loyauté indéfectible à Emmanuel Macron, ce qui leur assure une stabilité au sein du gouvernement.

Une gauche gouvernementale désorganisée

Enfin, un troisième bloc, plus fragile, rassemble les ministres issus de la gauche. Peu organisé, ce groupe peine à peser dans les débats internes. Élisabeth Borne (Éducation nationale) s’est rapprochée de la ministre des Sports, Marie Barsacq, sur la question du voile, tentant même d'organiser un petit-déjeuner, jeudi 20 mars, avec des membres du gouvernement, avant de l'annuler.

D'autres, comme Agnès Pannier-Runacher (Environnement), n'ont pas réussi à rallier un soutien suffisant autour d'eux. Quant aux anciens cadres de gauche intégrés au gouvernement lors du dernier remaniement, Manuel Valls (Outre-mer) et Juliette Méadel (Ville), leur silence ne fait que renforcer leur isolement.

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