"Le bal des egos vexés" : comment expliquer la nouvelle passe d’armes entre Élisabeth Borne et Gérald Darmanin

Déjà recadrés par le Premier ministre après des divergences sur le voile dans les compétitions sportives, la ministre de l'Éducation nationale et celui de la Justice ont repris les hostilités ce week-end.

Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Elisabeth Borne et Gérald Darmanin défendent deux lignes différentes au sein du même gouvernement. (STEFANO RELLANDINI / POOL / AFP POOL)
Elisabeth Borne et Gérald Darmanin défendent deux lignes différentes au sein du même gouvernement. (STEFANO RELLANDINI / POOL / AFP POOL)

Malgré le recadrage, la session explications, tendue, autour de François Bayrou mardi 18 mars, une interview sur CNews, la ministre de l'Éducation nationale en a remis une couche samedi dans Le Parisien. "Je n'ai aucune leçon à recevoir sur la laïcité", insiste Élisabeth Borne, un "sujet grave" d'après elle, qui mérite autre chose "que des réponses toutes faites et des slogans". Réponse le lendemain du ministre de la Justice Gérald Darmanin sur BFM : "Pour le coup, moi je n'ai aucune leçon non plus à recevoir de République, de fraternité et de respect de l'autre". "C'est le bal des egos vexés", se moque auprès de franceinfo un conseiller de l'exécutif.

Au-delà d'une forme de rancœur, qui risque de traîner, faute de cohésion au sein du gouvernement, les deux ont chacun leur objectif et cette séquence en dit long d'après le proche d'un ministre. Élisabeth Borne - qui vient de la gauche - "se positionne", selon lui, "comme une figure de l'espace central au sein du gouvernement", espace "qu'elle dispute à Gabriel Attal" en vue de la présidentielle de 2027, quand "Gérald Darmanin surenchérit à droite pour plaire à l'opinion".

Une ministre qui veut "faire entendre la voix du bloc central"

Élisabeth Borne veut aussi sa part, c'est ce qu'elle affirme clairement dans sa dernière interview, assez offensive - qui n'a pas été relue par Matignon, les ministres gardent leur liberté, la règle n'a pas changé malgré les tensions : "Je souhaite continuer à faire entendre la voix de ce bloc central". Mais peut-elle peser ? Elle est numéro 2 du gouvernement dans l'ordre protocolaire, à l'Éducation nationale. C'est elle qui a réclamé les réunions recadrage, assure à franceinfo une source au sein de l'exécutif, dont celle sur le voile dans le sport la semaine dernière.

Face à Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, elle veut montrer qu'elle peut agir dans son domaine, comme quand elle menace de passer par décret pour déployer l'application "Faits établissement" pour signaler les faits de violences dans le privé. Mais en interne, elle a peu de soutiens. "Et elle n'a pas d'espace politique, pense même un conseiller ministériel, elle gagnera de moins en moins d'arbitrages... et sera d'autant plus fragilisée". Elisabeth Borne "essaie de faire vivre une ligne" d'après un autre, "mais dans ce gouvernement, l'aile gauche est à la ramasse".

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