Le Royaume-Uni fait marche arrière et renationalise le train

Après des années de privatisation du train et des réseaux ferroviaires, les travaillistes au pouvoir veulent faire repasser l'ensemble de ses opérateurs dans le giron public. Une première renationalisation de compagnie de train a eu lieu dimanche.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Marque "Great British Railways" sur le côté d'un wagon de la South Western Railway (SWR), dans le Dorset, le 22 mai 2025, avant que l'opérateur ferroviaire ne soit le premier à être renationalisé. (ANDREW MATTHEWS / MAXPPP)
Marque "Great British Railways" sur le côté d'un wagon de la South Western Railway (SWR), dans le Dorset, le 22 mai 2025, avant que l'opérateur ferroviaire ne soit le premier à être renationalisé. (ANDREW MATTHEWS / MAXPPP)

En France, la concurrence à la SNCF s'étend, une ligne Paris-Marseille va être inaugurée mi-juin par la compagnie Trenitalia, et l'opérateur italien a annoncé s'attaquer prochainement aux liaisons Paris-Londres. Pendant ce temps, la South Western Railway, une compagnie britannique qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, a été renationalisée, dimanche 25 mai.

Et au Royaume-Uni, cet évènement préfigure d’autres opérations de ce genre. Une campagne engagée par le gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir à Londres en juillet dernier, prévoit que tous les opérateurs ferroviaires britanniques soient renationalisés d’ici la fin 2027. C’est la fin d’une époque, après 14 ans de gouvernement conservateur en place à Londres.

Un service détérioré

Le nouveau gouvernement invoque la détérioration du service depuis la privatisation de l’ensemble des opérateurs au milieu des années 1990. C'est le Premier ministre conservateur John Major qui était alors en exercice, dans la droite ligne de la politique libérale engagée par Margaret Thatcher dans les années 1980. Londres promettait moins de dépenses de l’État et un meilleur service grâce à plus d’investissements privés.

Le nombre de passagers a certes augmenté mais, au fil des années, les difficultés sont apparues. Les clients se sont plaints des prix élevés, les retards et les annulations se sont multipliées. Selon les chiffres officiels, 4% des trains britanniques ont été annulés cette année outre-Manche.

Après les rails, les trains

Il s’agit ici de la renationalisation d’une compagnie mais le réseau ferroviaire britannique, lui, est déjà redevenu public. Quatre opérateurs gestionnaires des infrastructures sur 14 sont en effet déjà repassés sous contrôle public ces dernières années à cause de leurs mauvaises performances. La majorité travailliste en place depuis près d’un an a fait passer une loi pour aller plus loin, en imposant de nationaliser l’ensemble des opérateurs privés dès l’expiration de leurs contrats en 2027. Attendre la fin des contrats permet au gouvernement d’éviter de payer des compensations aux exploitants concernés.

Si tout se passe comme prévu, deux autres groupes vont redevenir publics d’ici octobre : C2C et Greater Anglia, deux compagnies desservant l'est de l'Angleterre. Ces entreprises, et les suivantes, sont appelées à être intégrées dans un futur pôle public baptisé "Great British Railways". Un lourd pari pour le gouvernement britannique en termes d’investissements publics alors que les finances du Royaume ne sont guère plus florissantes que celles de ses voisins européens. La suite de l’histoire reste à écrire.

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