Droits de douane américains : l’inflation, descendue en mars à 2,2% dans la zone euro, va-t-elle repartir à la hausse ?

L'inflation a considérablement baissé depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Mais les droits de douane imposés par Donald Trump et les rétorsions européennes qui se préparent devraient changer la donne rapidement.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Donald Trump doit annoncer de nouveaux droits de douane sur les produits entrants aux États-Unis, mercredi 2 avril. (JEAN-LUC FL?MAL / MAXPPP)
Donald Trump doit annoncer de nouveaux droits de douane sur les produits entrants aux États-Unis, mercredi 2 avril. (JEAN-LUC FL?MAL / MAXPPP)

Alors que les droits de douane à 25% sur les voitures importées aux États-Unis entrent en vigueur mercredi 2 avril, l'inflation continue de reculer dans la zone euro. Selon l’office européen des statistiques, Eurostat, elle est descendue à 2,2% en mars, sur un an.

L’apogée de cet indice des prix à la consommation avait été atteint en octobre 2022, avec une guerre qui se déchaînait en Ukraine depuis le mois de février. L’inflation dans les 20 États qui partagent l’euro atteignait alors près de 11%, dans un contexte de flambée des prix de l’énergie. Depuis, la situation s’est nettement calmée. Les prix de l’énergie ont fortement baissé – même s’ils restent à un niveau élevé pour l’industrie grande consommatrice. Et s'il faut ajouter la baisse des tarifs des services en Europe, le bémol reste les prix de l’alimentaire, qui sont repartis un peu à la hausse en mars, à 2,9% contre 2,7% en février.

Une inflation maîtrisée bénéfique

Ce taux à 2,2% s'approche ainsi de la cible d’inflation fixée par les autorités monétaires. Cet objectif fixé par les Banques centrales (la BCE pour l’Europe) est une inflation autour de 2%. Nous y sommes presque et c’est un facteur encourageant. Quand elle est maîtrisée, l’inflation n’est pas une maladie honteuse, au contraire : un taux normal d’inflation permet aux entreprises de maintenir un niveau de rentabilité acceptable pour continuer à assurer les salaires. Contrairement à une déflation (baisse durable du niveau général des prix) qui, elle, dévalorise la production d’une entreprise et donc les marges de manœuvre salariales.

Mais ce niveau d’inflation, qui marque donc un ralentissement de la hausse des prix, risque de ne pas s’installer durablement. Très peu d’économistes y croient avec les mesures annoncées - encore aujourd'hui - du côté des États-Unis. Les tensions commerciales qui vont monter progressivement avec les droits de douane imposés par Donald Trump risquent bel et bien de faire remonter l’inflation, et ce des deux côtés de l’Atlantique.

Guerre commerciale et spirale de surtaxes

Les produits surtaxés arrivant aux États-Unis vont entraîner une hausse du prix des produits finis achetés par le consommateur américain. Et il en sera de même pour les consommateurs européens, si Bruxelles décide d’imposer des taxes équivalentes comme mesures de rétorsion à l'administration Trump.

Il est donc bien trop tôt pour affirmer haut et fort que l’inflation, qui s’est réellement calmée ces derniers mois, n'est plus un problème.

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