Blanchiment d'argent : Bruxelles va classer Monaco dans la liste noire

Monaco se retrouve une nouvelle fois sous surveillance, déjà pointée du doigt en 2024 par le Groupe d’action financière international, cette fois, c'est la Commission européenne qui a informé les autorités monégasques de sa décision d'inscrire la principauté sur la "liste des juridictions de pays tiers à haut risque".

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Monaco qui est dans le viseur des autorités internationales depuis un certain temps (Monaco, le 24 septembre 2024). (JEAN FRAN?OIS OTTONELLO / MAXPPP)
Monaco qui est dans le viseur des autorités internationales depuis un certain temps (Monaco, le 24 septembre 2024). (JEAN FRAN?OIS OTTONELLO / MAXPPP)

Le président de la République, Emmanuel Macron, se serait bien passé de ce hasard de calendrier. L’annonce de Bruxelles tombe en effet quelques jours avant la visite du chef de l'État français sur le Rocher. Il y sera samedi 7 et dimanche 8 juin. Concrètement, l’Europe vient d’informer l’administration monégasque qu’elle allait intégrer la Principauté dans la liste maudite des États trop laxistes face au recyclage d’argent. Bruxelles déplore que Monaco continue de présenter des "insuffisances stratégiques" dans ses dispositifs de lutte contre les flux financiers illicites.

C’est une sérieuse alerte pour la Principauté de Monaco malgré ses efforts répétés pour renforcer le cadre législatif et institutionnel destiné à lutter contre tout genre de trafic. Des efforts pour améliorer également un système bancaire mis à l’index depuis des décennies. L’inscription officielle de Monaco dans cette liste noire doit encore être validée par le Parlement, mais si cela était confirmé, la Principauté – qui s’étend sur moins de  deux kilomètres carrés, plus petit que Central Park à New-York – figurerait dans un classement intégrant le Panama, l’Afghanistan et la Corée du Nord. Un sérieux coup de canif dans l’héritage de la famille Grimaldi qui tient le Rocher depuis le XIVe siècle.

De potentielles conséquences économiques 

C’est tout un modèle économique qui serait mis à mal avec des répercussions sur l’ensemble les professionnels qui opèrent depuis, et vers, Monaco. Toutes les transactions financières seraient passées au peigne fin, certains flux financiers pourraient être réduits et, au-delà des banques, le marché de l’Art pourrait également s’en ressentir avec des contrôles renforcés pour les traditionnelles ventes aux enchères qui font le succès monégasque. De nombreux marchands d’art installés dans ce deuxième État le plus petit du monde après le Vatican, sans parler du tourisme entretenu par les milliardaires internationaux.

Ce n’est pas une surprise pour Monaco qui est dans le viseur des autorités internationales depuis un certain temps déjà. En février, la principauté de Monaco a été maintenue dans la liste grise des 25 pays placés sous surveillance du GAFI – le Groupe d’action financière international – qui lutte contre le blanchiment, rejoignant deux autres États européens montrés du doigt : la Croatie et la Bulgarie. Même le Luxembourg n'y figure pas. Avec Monaco, ils sont désormais trois à être considérés à haut risque de corruption sur le Vieux continent.

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