Prudence face aux compléments alimentaires : certains s'avèrent toxiques

Ils prétendent "détoxifier le foie" - "Le foie, un allié caché de votre routine beauté" - ou offrir "une réponse ciblée, évolutive et douce aux besoins du corps féminin, en intégrant l’âge biologique et le cycle naturel des saisons"... À la frontière entre aliments et médicaments, les compléments vendus une vingtaine ou trentaine d'euros la boîte au supermarché, en pharmacie ou sur internet, sont censés combler des déficits physiologiques et alimentaires. De belles phrases contre lesquelles l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) met en garde : ces produits ne doivent pas être considérés comme des médicaments sans ordonnance.

L'Anses a récemment fait un point sur les compléments alimentaires et prévient. Il convient d'être circonspect face à l'argument commercial massue disant que les compléments alimentaires, c'est naturel et donc sans danger. "On ne connaît pas les propriétés et les risques de toutes les plantes", explique Aymeric Dopter, chef de l'unité d'évaluation des risques liés à la nutrition, à l'Anses. Après tout, le cyanure aussi est naturel. 

Des risques toxicologiques

Il existe ainsi des risques toxicologiques. Comme avec la plante Garcinia cambogia, qui a fait l'objet d'une alerte récemment. Elle était présentée comme une solution minceur. Elle est en réalité toxique pour le foie, une personne est décédée d'une hépatite en France. Il peut survenir aussi des interactions avec les médicaments que vous prenez régulièrement. Elles rendent parfois ces compléments alimentaires toxiques ou amoindrissent l'effet de vos traitements.

Pour savoir si les ingrédients des compléments alimentaires sont sûrs et efficaces, il existe un registre sur le site de la Commission européenne. L'Europe y a recensé la plupart des ingrédients entrant dans la composition des compléments alimentaires. Prenons le "vinaigre de cidre de pomme" en exemple : tous les compléments alimentaires vendus sur internet en contenant prétendent purifier le corps, faire maigrir, améliorer la digestion ou embellir votre peau. Or, ils ne sont pas autorisés à la vente en Europe avec de telles allégations car la science ne permet pas aujourd'hui de vérifier ces supposés bienfaits. Il en est de même, par exemple, pour l'ananas, parfois présenté comme un brûle-graisse.

Une réglementation plus légère que pour les médicaments

Comment expliquer que certains compléments alimentaires soient commercialisés alors qu'ils sont dangereux ? C'est parce qu'ils relèvent de la réglementation de l'aliment qui n'est pas aussi stricte que celle des médicaments. Pour les médicaments, les fabricants doivent fournir au préalable de nombreuses données scientifiques afin d'obtenir une autorisation de mise sur le marché. Il n'en faut pas autant pour les compléments alimentaires.

Ensuite, pour les interdire, c’est aux pouvoirs publics de démontrer, après commercialisation, qu’il y a un risque, quand remontent des cas d'effets secondaires. L'Anses a reçu 500 signalements en 2024, notamment sur sa plate-forme de signalement, accessible à tous. En résumé, il est bien sûr possible d'acheter des compléments alimentaires. Mais il faut rester vigilant sur ces produits. Le mieux est d'en discuter avant avec un diététicien ou un médecin.