PFAS : des chimistes s’opposent à la modification de la définition des polluants éternels
Vingt chimistes alertent contre une tentative de redéfinir les PFAS, ces substances chimiques polluantes, redoutant une pression des lobbys industriels.
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Un groupe de 20 chimistes de plusieurs nationalités publie une lettre pour alerter contre une possible modification de la définition des PFAS, ces “polluants éternels”. Les per- et polyfluoroalkylées, que l’on retrouve dans de très nombreux objets du quotidien en raison de leurs propriétés isolantes, imperméables ou antiadhésives, sont quasi indestructibles. Ces PFAS peuvent s’accumuler dans le sol, dans l’eau, mais aussi dans le corps humain.
Selon la définition utilisée par l’OCDE depuis 2021, et validée par la communauté scientifique, un PFAS est une substance chimique qui possède “un ou plusieurs atomes de carbone porteurs de deux ou trois atomes de fluor”. C’est cette liaison carbone fluor qui confère aux PFAS à la fois leurs propriétés et leur persistance dans l’environnement, car cette liaison chimique est particulièrement robuste.
Des craintes pour la santé et la protection de l'environnement
Certains souhaiteraient modifier cette définition. Cette famille de substances est en effet très vaste, englobant environ 12 000 molécules différentes. Dans une lettre publiée, mardi 10 juin, dans la revue Environmental Science and Technology et repérée par Le Monde, 20 scientifiques alertent sur la volonté de certaines organisations — notamment l’Union internationale de chimie pure et appliquée — d’exclure certains groupes de PFAS de la définition existante. Ils redoutent que cette initiative soit motivée par des intérêts économiques, sous la pression de lobbys industriels, et qu’elle n’affaiblisse les efforts de protection de la santé humaine et de l’environnement.
Pour le chimiste Bruno Chaudret, membre de l’Académie des sciences et coauteur d’un rapport paru en mars dernier sur les PFAS, la définition actuelle ne pose pas de problèmes d’un point de vue scientifique. Celle-ci n’est pas scientifiquement contestable, affirme-t-il. Elle a même le mérite de la clarté et de la simplicité. Il reconnaît que cette famille chimique est vaste, mais selon lui, si l’on souhaite agir efficacement contre la pollution environnementale et protéger la santé publique, le débat devrait plutôt porter sur les techniques permettant d’améliorer la traçabilité, la substitution et l’élimination des PFAS, plutôt que sur leur définition.
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