Incendie dans l'Aude : comment les flammes ont-elles pu ravager plus de 13 000 hectares en quelques heures ?

Le feu a pris mardi après-midi dans le massif des Corbières et restait très actif mercredi malgré la mobilisation des sapeurs-pompiers.

Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un incendie a ravagé en quelques heures 11 000 hectares dans l'Aude, le 5 août 2025. (IDRISS BIGOU-GILLES / AFP)
Un incendie a ravagé en quelques heures 11 000 hectares dans l'Aude, le 5 août 2025. (IDRISS BIGOU-GILLES / AFP)

Comment un feu peut-il progresser aussi vite ? L'incendie qui s'est développé autour de la commune de Ribaute, dans le massif des Corbières, a en effet connu une "évolution très rapide", puisqu'il a démarré mardi 5 août vers 16h15 et avait parcouru plus de 13 000 hectares mercredi matin, a annoncé le porte-parole de la sécurité civile du département.

Les autorités sur place le confirment : toutes les conditions sont malheureusement réunies pour que les flammes progressent vite. Elles ont du combustible. C'est un paysage de garrigue, une végétation typiquement méditerranéenne, clairsemée, avec des arbustes, de la broussaille, qui s'enflamme très facilement. On peut retrouver aussi des plantes gorgées d'huiles essentielles, comme le romarin par exemple, lui aussi hautement inflammable, sans parler des pins, des résineux, là encore, des combustibles redoutables. Et la vigne qui, elle en revanche, peut jouer un rôle de rempart face aux flammes, a perdu du terrain dans la région ces dernières années avec des campagnes d'arrachage, ce qui réduit ses capacités à calmer l'incendie.

Combustible, vent, relief... Un cocktail explosif

Le vent également joue un rôle important et là aussi, le terrain est défavorable. L'Aude est l'un des départements les plus venteux, avec notamment la tramontane, qui assèche l'air et la végétation, et qui peut attiser les flammes. La position du département entre Méditerranée et Massif central ne facilite pas les choses. C'est comme un couloir qui accélère les flux d'air, et dans un contexte de sécheresse, c'est explosif.

Et puis il y a le relief qui joue, lui aussi, a son importance. On est dans un paysage vallonné avec des pentes, et ça entraîne un phénomène de convection. Les gaz chauds remontent. Ils accélèrent l'embrasement de la végétation plus haut sur la pente et le feu se propage beaucoup plus vite que s'il s'était produit en plaine.

On peut parler d'incendie exceptionnel parce qu'on a dépassé les 10 000 hectares de végétation brûlés. C'est le seuil, la limite symbolique généralement utilisée pour définir un feu exceptionnel. Aux États-Unis, on parlerait même de mégafeu.

Pour se faire une idée, 10 000 hectares, c'est la surface d'une ville comme Paris. D'après les pompiers, cet incendie dans l'Aude est, pour le moment, le plus important de l'été. Il représente un tiers de la surface des incendies que l'on a connus depuis début juillet.

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