Un nouveau type de pile est en train d’arriver : la pile nucléaire

La pile nucléaire qui pourra durer 50 ans sans avoir besoin d’être rechargée. Un vieux rêve techno des années 1960 est en train de devenir une réalité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La pile beta voltaïque fait penser aux scènes futuristes avec Iron man. (SOPA IMAGES / GETTY IMAGES)
La pile beta voltaïque fait penser aux scènes futuristes avec Iron man. (SOPA IMAGES / GETTY IMAGES)

Voilà une nouvelle technologie très novatrice qui se profile : une pile nucléaire, capable de durer des dizaines d’années sans être rechargée. Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine Epsiloon, nous en dit plus.

franceinfo : comment se présente cette future pile nucléaire ?

Mathilde Fontez : Il s'agit d'un minuscule générateur nucléaire, pas plus gros qu’une pièce de monnaie. Cela fait, d'emblée, un peu peur. On se demande bien comment on peut concentrer toute la complexité d’un dispositif nucléaire dans une pile. On pense à Iron Man et au générateur qui lui donne ses superpouvoirs. On se souvient aussi de la montre de Capitaine Flam qui faisait sauter les portes blindées avec !

Or là, c’est bien réel : des dizaines de laboratoires dans le monde travaillent sur le concept. Des start-up également : Diamfab, en France, en lien avec le CEA et l’entreprise STMicroelectronics, la Chinoise Betavolt Technology, la Californienne Infinity Power soutenue par le département américain de la défense. Bref, c’est du sérieux.

Peut-on imaginer une mini-centrale nucléaire portable sans risque ?

En fait, ce n’est pas le même principe. Dans ces piles, il n’y a pas de fission nucléaire comme dans les centrales, et donc pas de risque de réaction en chaîne ni d’emballement. L’idée est d’utiliser la désintégration d’un matériau radioactif. Celui-ci émet des particules bêta (des électrons) qui peuvent être récupérées et transformées en électricité. D’où le nom de la pile : bêta voltaïque. Ce processus est lent, la désintégration peut fournir du courant pendant des décennies. L’un des prototypes promet 50 ans d’autonomie, avec quelques milligrammes de Nickel-63 radioactif. Attention, ce sera seulement pour de petites puissances, la technologie est limitée à quelques microwatts. Il n’y aura pas de voiture à pile nucléaire, mais pourquoi pas des capteurs sous-marins, des minisatellites ou des drones.

De telles piles sont-elles déjà en vente ?

Pas encore, mais certains laboratoires annoncent une mise en production dès cette année, en 2025. La question commence à se poser autour de la sécurité de ces piles. Même s’il n’y a pas de risque d’emballement, elles contiennent quand même du matériau radioactif et émettent des radiations. Il faudra donc assurer la sécurité de leurs blindages. Et puis, quid de la prolifération, de la réglementation ? Toutes ces questions sont ouvertes. Sans compter sur l’acceptation d’une telle technologie par le public : seriez-vous prêt à porter une montre qui carbure au Nickel-63 ?

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