Notre connaissance des fonds marins est presque nulle

Des océanographes américains ont fait les comptes et nous ne connaissons qu'à peine un millième de pourcents des abysses. Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine "Epsiloon" nous explique cette méconnaissance.

Article rédigé par Mathilde Fontez
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les fonds marins représentent 66% de la surface de la planète. Photo d'illustration. (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)
Les fonds marins représentent 66% de la surface de la planète. Photo d'illustration. (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)

Alors que la conférence des Nations unies sur l’océan, se tiendra à Nice du 9 au 13 juin 2025 et que Donald Trump vient d’ouvrir la voie à l’exploitation des minerais sur le plancher océanique, une équipe d’océanographes américains a évalué notre connaissance des fonds marins.

Ces chercheurs ont recensé toutes les explorations des grands fonds depuis 1958 : 44 000 plongées en eau profonde, qui ont permis de voir, de cartographier, d’étudier les abysses. Cela paraît beaucoup, mais c’est si peu. Le résultat de cette analyse, c’est que nous n’avons exploré que 0,001% des grands fonds, un millième de pourcent. En surface, c’est l’équivalent d’un dixième de la Belgique. C’est minuscule, d’autant plus que les fonds marins sont immenses, c’est la plus grande étendue terrestre, le plus grand paysage : elles représentent 66% de la surface de la planète.

Certaines zones ont été particulièrement explorées. C'est l’autre conclusion de l’étude. Les données sur les grands fonds sont incroyablement biaisées. Seuls quelques pays dans le monde mènent ces explorations, la grande majorité des plongées ont été réalisées à moins de 400 km des États-Unis, du Japon, ou de Nouvelle Zélande.

On retrouve notamment la zone de Clarion-Clipperton dans le Pacifique, parce qu’on s’est aperçu qu’elle abrite des ressources minières, du cobalt, des terres rares, du nickel, en quantité potentiellement immense. Ce sont ces minerais dont le président américain Donald Trump vient d’autoriser l’exploitation par décret – alors que de nombreux pays, dont la France, plaident pour un moratoire. Ce sera l’un des enjeux de la conférence des Nations unies qui a lieu en France début juin.

Les abysses regorgent d'espèces inconnues

La crainte, c’est de déstabiliser un écosystème qu’on ne connaît pas, car les grands fonds jouent sans doute un rôle majeur à l’échelle de la planète pour la production d’oxygène, la régulation du climat, ou encore la séquestration du carbone. Il y a là-bas, à des milliers de mètres de fond, toute une vie qu’on ignore. L’image des abysses un peu désertiques est probablement fausse, 50 000 espèces ont déjà été découvertes et on estime qu’elles ne représentent que 10% de tout l’écosystème.

Tous les spécialistes le disent, à chaque plongée, ils découvrent une nouvelle espèce. C’est le plus grand écosystème du globe et on ne le connaît pas. L’océanographe Véronique Sarano nous a donné une bonne image pour décrire notre ignorance : "C’est un peu comme si on décrivait la surface de la Terre du haut d’une montgolfière en lançant un petit filet pour recueillir les animaux".

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