Denisova, une nouvelle espèce humaine sort de l’ombre

Des anthropologues viennent d’identifier un reste de mâchoire de l'Homme de Denisova, près des côtes de l’île de Taïwan.

Article rédigé par Vincent Nouyrigat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une dent de Dénisovien exposées en 2017 au Musée National de la Préhistoire aux Eyzies (Dordogne). Elle a été retrouvée sur le site de Denisova en Sibérie. (MAZALREY LOIC / MAXPPP)
Une dent de Dénisovien exposées en 2017 au Musée National de la Préhistoire aux Eyzies (Dordogne). Elle a été retrouvée sur le site de Denisova en Sibérie. (MAZALREY LOIC / MAXPPP)

La mandibule identifiée par des anthropologues avait été remontée dans les filets de pêcheurs près des côtes taïwanaises en 2007. Les chercheurs ont annoncé cette semaine avoir découvert sur ce fossile des traces de protéines qui appartiennent à un Homme de Denisova. On connaît bien maintenant Néandertal qui régnait sur l’Europe il y a plus de 40 000 ans. Les Hommes et Femmes de Denisova sont en réalité des cousins de Néandertal qui se sont eux établis en Asie à la même époque.

On en a retrouvé des traces en Sibérie, dans la grotte de Denisova justement, où cette humanité a été découverte pour la première fois en 2010, mais aussi sur les hauts plateaux tibétains à 3 300 mètres d’altitude. Une dent a également été retrouvée dans une grotte du Laos au milieu de la jungle, il y a des traces génétiques en Papouasie-Nouvelle Guinée, et maintenant Taïwan. 

Leur apparence reste un grand mystère

À ce jour, les chercheurs n’ont trouvé aucun squelette complet d’Homme ou de Femme de Denisova. On dispose simplement d’un peu d’ADN, de deux morceaux de mandibules, d'un bout de côte, de quelques phalanges et d'une poignée de molaires. La taille vraiment énorme de leurs dents est d'ailleurs ce qui les caractérise pour le moment. Mais peut-être qu’on y verra plus clair très prochainement car plusieurs crânes ou squelettes ont été découverts en Chine ces dernières décennies. On ne parvenait pas à bien classer. Ils pourraient être en réalité des Dénisoviens.

Ils ont disparu pour des raisons encore inconnues mais ils sont encore un peu parmi nous car, comme Néandertal en Europe, Denisova s’est aussi mélangé à nos ancêtres Homo sapiens. Ses gènes sont encore présents dans plusieurs populations asiatiques, mélanésiennes et amérindiennes. Les scientifiques pensent que c’est en partie grâce aux gènes dénisoviens que les Tibétains et Népalais ont pu conquérir les hautes altitudes, que les Inuits ont pu résister au froid ou encore que les habitants de la Papouasie-Nouvelle Guinée, notamment, ont pu vivre dans des zones infestées par la malaria. C’est un héritage très précieux. 

Denisova, Néandertal, Sapiens... Des trois humanités qui se partageaient l’Eurasie il y a encore 40 000 ans, il ne reste plus que notre lignée. Et nous vivons maintenant avec tous ces fantômes du passé. 

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