Pierre Schoeller : "L'art peut changer la vie"

Comment la vision de tableaux de Rembrandt peut-elle changer le regard d'une ingénieur du nucléaire sur ce qui est essentiel pour elle ? Tel est le point de départ du nouveau film de Pierre Schoeller, "Rembrandt", film politique, film d'amour absolu, film aussi sur la science et la croyance.

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le cinéaste Pierre Schoeller, au festival du court métrage de Clermont-Ferrand, en 2020. (BOILEAU FRANCK / MAXPPP)
Le cinéaste Pierre Schoeller, au festival du court métrage de Clermont-Ferrand, en 2020. (BOILEAU FRANCK / MAXPPP)

Avec Rembrandt, Pierre Schoeller revient, comme dans L'exercice de l'Etat, sur l'auscultation d'un milieu de pouvoir avec un regard d'autant plus aigu qu'il ne porte pas jugement. Le cinéaste laisse le spectateur à sa propre réflexion : "Je voulais réaliser un film du présent où, au lieu de regarder dans le rétro et de se cramponner sur nos évidences du XXe siècle, il faut se retrousser les manches et essayer d'inventer des choses."

La famille du nucléaire

Nous sommes au cœur de la famille emblème du XXe siècle sûr de lui, celle du nucléaire et de ses ingénieurs, pour parler du défi majeur du XXIe siècle, le défi climatique. La bascule est individuelle. Celle de Claire, jouée par Camille Cottin, dont toutes les certitudes sur les bienfaits du nucléaire vacillent dans une salle de musée devant des tableaux de Rembrandt.

"C'est comme un envoûtement, elle est habitée de l'intérieur par quelque chose qui ne va pas la détruire mais qui va la construire autrement." Pierre Scholler confie qu'il a lui même vécu cette sensation, dans cette salle des Rembrandt à la National Gallery à Londres. Voilà pourquoi il affirme, avec force : "L'art peut changer la vie."

Se poser les bonnes questions

La vie de Claire change donc, radicalement. Elle se heurte à l'incompréhension de son mari (interprété par Romain Duris), lui-même ingénieur dans le nucléaire, et à l'hostilité de ses collègues. Ils vivent ce basculement comme une trahison. Dans cette famille si soudée, il y a désormais deux mondes qui ne se comprennent plus.

Rembrandt est un film ambitieux, qui brasse le plus intime et le plus scientifique, mais pour son réalisateur il est important que la lumière soit au bout : "Je voulais tout sauf un film catastrophe, ce n'est pas un film donneur de leçons ni donneur de réponses". Pierre Schoeller se réjouit d'ailleurs que les premières projections déclenchent des réflexions très personnelles. Il souhaite qu'après l'avoir vu, on se pose les bonnes questions et on s'écoute soi-même profondément.

Rembrandt de Pierre Schoeller, sortie en salle le mercredi 24 septembre.

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