Alstom : le patriotisme économique, un vieux refrain
Que va devenir Alstom ? L'allemand Siemens et l'américain General Electric se disputent le groupe français. François Hollande a reçu les deux PDG. Et Arnaud Montebourg parle de "vigilance patriotique". C'est un vieux refrain...
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Vous l'avez entendu des dizaines de fois. Les paroles
changent mais la musique est la même. C'est l'air du "patriotisme économique". A chaque fois qu'un géant mondial s'intéresse à une grande entreprise
française, à Paris, le gouvernement montre les muscles.
Il y a dix ans, les politiques s'affairaient déjà autour
d'Alstom. A l'époque, l'entreprise est au bord de la faillite. Nicolas Sarkozy
est ministre de l'économie. Il se démène pour sauver Alstom. L'Etat entre au
capital. L'entreprise retrouve des couleurs.
En 2005, le patriote s'appelle Dominique de Villepin. Il
est à Matignon, quand une rumeur commence à courir : l'américain Pepsi voudrait
racheter Danone. Le premier ministre sort le drapeau. Il s'engage à "protéger
Danone".
L'année suivante, Mittal s'intéresse au groupe Arcelor.
L'Indien veut dévorer le Français. Le gouvernement monte au créneau. Il cherche
à empêcher la fusion. Dominique de Villepin déclare qu'il " n'admet pas
l'impuissance face aux événements ". Le mot est lâché : plus que tout, les
dirigeants français ont peur d'être impuissants. Dans une économie mondialisée,
ils veulent garder la main. Ils ont leur mot à dire. Si des grandes manœuvres
ont lieu, ils veulent participer.
Est-ce que ça marche, le patriotisme économique ?
Pepsi n'a pas racheté Danone. Mais la France n'y est pour
rien.
Mittal s'est emparé d'Arcelor pour bâtir un géant de
l'acier. Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy, François Hollande ont
ferraillé avec Mittal. Arnaud Montebourg a déclaré que l'Indien n'était pas le
bienvenu. Il a envisagé de nationaliser les hauts-fourneaux de Florange.
Pour quel résultat ? Finalement, Mittal a fait ce qu'il voulait, ou presque.
Quant à Alstom, c'est vrai que Nicolas Sarkozy a obtenu
un résultat. Il y a dix ans, l'Etat est entré dans le capital du groupe. Puis
il a revendu ses parts, en faisant un bénéfice. Mais au passage, il a fermé la
porte à l'allemand Siemens qui rêvait déjà d'une alliance avec Alstom. Et donc,
on revient à la case départ. Rien n'est réglé.
Quand vous enlevez les promesses, les grands mots, les
menaces, il ne reste pas grand-chose.
Mais est-ce que ça a un sens, finalement, le
patriotisme économique ?
Oui, à condition de ne pas raconter n'importe quoi. C'est normal que l'Etat se préoccupe de l'emploi.
François Hollande l'a dit, hier, en recevant les PDG de Siemens et de General
Electric. Il exige des garanties. Ça vaut pour l'Allemand comme pour
l'Américain, surtout qu'Alstom vit largement de la commande publique.
C'est normal aussi que l'Etat garde un œil sur les
secteurs stratégiques. François Hollande ne veut pas que le nucléaire français
passe sous contrôle étranger. S'il ne disait rien, personne ne
comprendrait.
Encore faut-il intervenir au bon moment. Et faire des
promesses qu'on peut tenir. Les politiques dégainent souvent le
" patriotisme économique " au dernier moment. Sur le champ de
bataille, quand ils se sentent menacés, ils sortent le clairon. Mais personne
ne les suit.
Le dossier Alstom va se régler dans l'urgence. Sur le
coin d'une table. Alors que là, il aurait fallu une vraie stratégie européenne,
sur plusieurs années. C'est bien beau de rêver d'un " Airbus de l'énergie ",
d'un grand projet européen. Mais rêver ne suffit pas. Il faut le faire. Ou il
fallait le faire. C'est peut-être trop tard. Et là, les politiques ont une
responsabilité.
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