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Affaires privées : pourquoi ça ne peut pas s'arrêter

La semaine aura été marquée par l'actualité people, le président et ses affaires privées, un sujet incontournable qui fait presque jeu égal avec les thèmes purement politiques.

Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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François Hollande et ses amis
peuvent s'indigner, se draper dans leur dignité outragée : le chef de
l'Etat est désormais dans la seringue, à son corps défendant. Et cela va
tanguer tant que la clarification attendue n'aura pas eu lieu. Il a d'ailleurs
lui-même fixé l'échéance, et donc la durée de cette surenchère médiatique, lors
de sa conférence de presse mardi : ce sera avant son voyage aux
Etats-Unis. Le président a imprudemment ouvert quatre semaines d'un déferlement
voyeuriste qui frise l'absurde. Nous avons eu, pêle-mêle : la
supposée grossesse de Julie Gayet, démentie par l'actrice; sa nomination au
jury de la Villa Médicis rejetée; la détresse de Valérie Trierweiler dont
l'hospitalisation prolongée ajoute à la théâtralisation du drame conjugal; une
visite inopinée de Ségolène Royal à la première dame, avec là encore un démenti,
de la présidente de Poitou-Charentes. Tant que le couperet ne tombera pas, la
liste va s'allonger jour après jour. C'est ignoble. Mais il ne sert à rien de
se lamenter. Le feuilleton de la love
affair
est en cours, le public en redemande.

Que dit l'Elysée de cette situation extrême ?

Qu'il faut garder son sang-froid. La stratégie de départ a été de publier un communiqué il y a une
semaine dans la foulée de Closer pour
verrouiller l'espace avant que les autres médias n'embrayent. Le chef de l'Etat
ensuite a soupesé chaque mot, chaque silence à sa conférence de presse pour tenter
de stopper la vague et se donner une bouffée d'oxygène. Il est aujourd'hui sur
ce faux-plat, où le temps joue contre lui, où il lui faut rentrer la tête dans
les épaules. Selon un proche du président, le mépris est la seule réponse
possible à une telle déferlante. Et l'explication finale aura lieu quand le
chef de l'Etat le décidera.

Pourquoi la machine est en train de s'emballer ?

Parce que le rouleau
compresseur de l'information continue s'autoalimente dans les journaux, sur les
écrans et sur le Net. Cette pression va aller crescendo. Le phénomène est
mondial. Les sujets People font
vendre une presse en crise et boostent les audiences. Vous pouvez contester cet
état de fait, les personnalités doivent désormais l'intégrer. Attention,
danger : depuis de longues années, politiques et médias entretiennent une
relation ambiguë. Ceux qui se font photographier en famille dans les magazines
papier glacé ne doivent pas se plaindre d'éventuels retours de manivelle.

Quelles sont les armes des personnalités pour se
protéger ?

Le recours à la justice :
Dominique Strauss-Kahn va attaquer en diffamation l'écrivain Régis Jauffret, auteur d'un roman sur l'affaire du Sofitel. L'ancien patron du FMI
lui reproche de réhabiliter la thèse du viol, pourtant abandonnée par la
justice américaine. L'actrice Julie Gayet porte plainte contre le magazine
Closer pour atteinte à la vie privée. François Hollande, pendant ce temps,
passe dans la lessiveuse qu'ont bien connue ses deux anciens rivaux DSK et
Nicolas Sarkozy. Il ne sert à rien d'invoquer la morale ou de protester. La
curiosité du public fait céder toutes les digues. Les drames privés de ceux qui
nous gouvernent provoquent un processus d'identification instantané. Rien, ni
personne ne résiste à la dictature de la transparence. Les personnalités
concernées sont prévenues. A bon entendeur...

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