Révolution informatique : "L'ordinateur quantique, il y aura un 'avant' et un 'après', c'est donc un enjeu aujourd'hui d'en avoir", explique le président de Pasqal
Pasqal est une jeune pousse française, fondée en mars 2019 avec des physiciens. Elle est spécialisée dans l'informatique quantique et travaille sur la mise au point d'un ordinateur quantique à atomes neutres. Son président et co-fondateur George-Olivier Reymond est l'invité de franceinfo.
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Pasqal, entreprise tricolore et prometteuse, est spécialisée dans l'informatique quantique, qui permet de développer les ordinateurs les plus puissants du monde. Créée il y a quatre ans par George-Olivier Reymond avec quatre physiciens, elle fait vivre aujourd'hui 200 employés, avec des usines en France et au Canada.
Citée par Emmanuel Macron lors de la présentation en janvier 2021 du plan français pour le développement du quantique, elle a réussi à lever 100 millions d'euros d'investissements en 2023. Elle est la première start-up à bénéficier du soutien du Fonds Innovation Défense du ministère des Armées. Pasqal a été créée il y a quatre ans par vous-même, avec quatre physiciens. Aujourd'hui, c'est 200 employés, des usines en France et au Canada.
franceinfo : George-Olivier Reymond, en quoi consiste l'informatique quantique ?
George-Olivier Reymond : L'informatique quantique, comme son nom l'indique, c'est de l'informatique, donc c'est du calcul, et du calcul dit de haute performance. C’est-à-dire que si vous cherchez à le faire avec votre ordinateur de tous les jours, il faudra en mettre plusieurs côte à côte pour atteindre le niveau de performance nécessaire.
"L'ordinateur quantique est donc une révolution. Il ne faut pas voir ça comme une innovation, ce n'est pas de l'amélioration continue, c'est complètement différent."
George-Olivier Reymondà franceinfo
Il y aura un "avant" et un "après". Des choses qui sont impossibles aujourd'hui deviendront possibles grâce aux calculs quantiques.
Pourquoi s'y intéresse-t-on aujourd'hui particulièrement ?
Il y a deux raisons principales. D'abord on a toujours besoin de plus de puissance de calcul. Aujourd'hui, si vous regardez tout ce qui se fait en intelligence artificielle, c'est du logiciel, donc il y a besoin d'ordinateurs pour faire fonctionner le logiciel. Et ensuite, la solution qu'on a trouvée aujourd'hui pour rendre les ordinateurs plus performants, c'est de les faire de plus en plus gros. Donc cela consomme de plus en plus d'électricité et ça finit par devenir un vrai enjeu. Par exemple, une requête ChatGPT, c'est l'équivalent, en termes d'énergie, de faire bouillir un verre d'eau.
Aujourd'hui, vous annoncez une avancée majeure dans le cadre d'un projet réalisé avec Thales, dans la planification des satellites. De quoi s'agit-il ?
C'est un calcul particulièrement complexe parce que, pour optimiser la trajectoire des satellites, il y a énormément de paramètres à prendre en considération. Et quand vous mettez énormément de paramètres, vous avez énormément de solutions possibles et à la fin, il faut trouver la meilleure. C'est un peu l'équivalent de chercher une aiguille dans une botte de foin. Un ordinateur quantique est capable de faire ça beaucoup plus efficacement que nos solutions classiques.
Beaucoup d'investisseurs s'intéressent à vous. Vous avez réussi à lever 100 millions d'euros, c'est dire si le monde financier pense qu'il y a un potentiel de croissance. C'est beaucoup et en même temps, c'est peu face à la capacité de financement des mastodontes du secteur, à savoir IBM et Microsoft.
J'aime bien cette phrase qui dit qu'en France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées. Pour faire un ordinateur quantique, il faut à la fois de l'argent et des idées. Et puis en fait, si vous regardez les équipes d'IBM et de Microsoft, elles ne sont pas si énormes que ça.
"On lutte, je pense, à armes égales avec IBM et Microsoft et surtout, on a une approche différenciante qui est la technologie."
George-Olivier Reymondà franceinfo
Vous avez une meilleure technologie qu'IBM et Microsoft ?
Oui. Et concernant les financements, jusqu'à présent, on est bien, mais il faut continuer. C'est un effort continu.
Pourquoi est-ce important d'avoir une politique souveraine concernant les technologies de pointe comme l'informatique quantique, vis-à-vis des mastodontes américains et chinois ?
Comme je l'ai dit tout à l'heure, il y aura un "avant" et un "après". Il y a des gens qui en auront un, il y a des gens qui n'en auront pas. Donc, c'est pour ça que c'est un enjeu aujourd'hui de les avoir. Il y a l'aspect logiciel et il y a la partie hardware. Donc si vous arrivez à être souverain sur la partie, comme ici, hardware, et que vous ajoutez la souveraineté logicielle - je vais faire petite référence à Mistral -, vous devenez indépendant. Or, le calcul de haute performance, il est partout dans nos vies de tous les jours. On ne s'en rend pas forcément compte. Pour Airbus, aujourd'hui, un avion est dessiné entièrement sur ordinateur, grâce à des simulations sur des supercalculateurs.
En plus de vos usines en France et au Canada, vous êtes en train de vous développer en Asie. Pourquoi est-ce important d'être international, quand on vient de parler de souveraineté en Europe ?
Il y a deux aspects. Il y a une course de vitesse d'une part. Donc il faut aller vite. Un moyen d'aller vite, c'est d'augmenter ses ressources et d'avoir plus d'usines pour en fabriquer plus. Le deuxième aspect, c'est qu'il y a des marchés à conquérir, et il y a toujours un bonus aux premiers présents. Et puis, construire un ordinateur quantique, c'est quand même quelque chose de complexe. On a beaucoup d'atouts en France et en Europe, mais on ne peut pas tout faire nous-mêmes. Donc il y a besoin aussi d'aller chercher des compétences spécifiques clés dans d'autres géographies.
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