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Pour le journaliste Vincent Cocquebert, le "millenial est une construction du marketing"

Génération Y, millenials, et parfois digital natives : autant d'expressions pour qualifier une génération qui serait trÚs différente des précédentes. Pour le journaliste Vincent Cocquebert, auteur d'un essai sur ces jeunes nés entre 1980 et 2000, il faut en finir avec les clichés.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Vincent Cocquebert, journaliste, le 15 février 2019 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)
Vincent Cocquebert, journaliste, le 15 février 2019 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

La gĂ©nĂ©ration Y existe-t-elle vraiment ? Les millenials, ces jeunes nĂ©s entre 1980 et 2000, ont donnĂ© lieu Ă  des centaines d’articles, Ă  des dizaines de livres. Ils formeraient une gĂ©nĂ©ration totalement diffĂ©rente de la prĂ©cĂ©dente. RĂ©alitĂ© ou cliché ? Pour le journaliste Vincent Cocquebert, qui publie Millenial burn-out, aux Ă©ditions ArkhĂȘ, il faut en finir avec ce concept.

Le 'millenial' c’est la figure fantasmatique d’un ĂȘtre urbain, narcissique, individualiste, conscientisĂ©, en quĂȘte de sens, et qui aurait un rapport au travail trĂšs fragmentaire, trĂšs crĂ©atif, et quasiment immatĂ©riel 

Vincent Cocquebert

Ă  franceinfo

"Ça m’énerve parce que c’est devenu notre grille de lecture de la sociĂ©tĂ©", ajoute Vincent Cocquebert.

Une invention d'un magazine de marketing

Vincent Cocquebert explique comment un magazine de marketing a inventĂ©, en 1993, ce "nouveau consommateur, totalement en opposition avec la gĂ©nĂ©ration qui l’a prĂ©cĂ©dĂ©". Mais c’était, selon lui, "pour ouvrir le champ libre Ă  la crĂ©ation de nouveaux biens et de nouveaux services". Ensuite, estime-t-il, "ce concept s’est fait infiltrer par la sphĂšre managĂ©riale (
) Il a Ă©tĂ© trĂšs pratique pour donner un visage humain Ă  tous ces changements Ă©conomiques menĂ©s au forceps" dans les entreprises, qui ont pu dire : "Regardez, la nouvelle gĂ©nĂ©ration est en attente de rĂ©organisation du temps, de numĂ©risation totale. Ces jeunes sont prĂȘts Ă  devenir des prestataires indĂ©pendants", hors de l’entreprise.  

Les slashers sont minoritaires

Pourtant, de nombreux chefs d’entreprise observent bien de nouveaux comportements. Leurs jeunes salariĂ©s seraient moins impliquĂ©s, moins fidĂšles Ă  l’entreprise que leurs prĂ©dĂ©cesseurs. Pourquoi ? "Parce qu’il y a une intĂ©gration du discours et de la contrainte", selon Vincent Cocquebert : "Si on ne fait que vous rĂ©pĂ©ter que vous allez partir rapidement, que vous ne pouvez pas espĂ©rer faire carriĂšre dans l’entreprise, cela crĂ©e une tension". Les fameux slashers, allant de job en job, existent-ils ? Oui, selon Vincent Coquebert, mais ils seraient trĂšs minoritaires. Comme leurs aĂźnĂ©s, les plus jeunes rechercheraient la stabilitĂ© et un bon salaire. "J’aime beaucoup les jeunes", explique l’auteur de Millenial burn-out, "mais j’aimerais qu’on ne leur donne pas des responsabilitĂ©s qui ne sont pas les leurs."      

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