Parcoursup : "C'est toujours un peu challengeant pour les étudiants comme pour les écoles", estime le vice-président du groupe Ionis Éducation
Au lendemain des premiers résultats de Parcoursup, Fabrice Bardèche, vice-président du groupe Ionis Éducation est l'invité éco de franceinfo.
"On est dans une période où c'est toujours un peu challengeant pour tout le monde, pour les étudiants comme pour les écoles", estime, mardi 3 juin, Fabrice Bardèche, vice-président du groupe Ionis Éducation, au lendemain des premières réponses aux lycéens sur la plateforme Parcousup.
À l'ouverture de la plateforme Parcoursup, lundi soir à 19 heures, 2,67 millions de propositions ont été faites aux candidats, émanant d'établissements d'enseignement supérieur public et privé, dont ceux de Ionis Education, qui regroupe 28 écoles privées. Les deux tiers des lycéens inscrits sur Parcoursup ont reçu au moins une proposition d'études supérieures sur la plateforme.
franceinfo : Avez-vous un premier bilan à nous livrer ?
Fabrice Bardèche : Là on en est vraiment au tout début. On a envoyé, nous, de notre côté, plusieurs milliers de d'acceptations. Les réponses des étudiants commencent à arriver. On est dans une période où c'est toujours un peu challengeant pour tout le monde, pour les étudiants comme pour les écoles.
Avez-vous reçu davantage de demandes que vous n'avez de place aujourd'hui dans vos 28 écoles ?
Non, parce qu'on essaie quand même de calibrer les offres aux places qui sont disponibles réellement dans l'école.
Sur 3 millions d'étudiants inscrits dans l'enseignement supérieur l'an dernier, un quart était inscrit dans le privé, c'était 12% seulement en 2000, comment l'expliquez-vous ?
Par plusieurs raisons. D'abord parce que le privé est devenu une institution qui est parfois en qualité comparable à ce qu'on peut trouver dans le public.
Donc ça s'est amélioré...
Sur certaines écoles.
"Mais surtout, il y a un phénomène qui est venu accentuer le nombre d'étudiants dans le privé, c'est la gratuité qui a été amenée par l'apprentissage."
Fabrice Bardèchesur franceinfo
Là, c'était tout à fait nouveau puisque pour la première fois dans l'histoire de l'éducation supérieure, d'une certaine manière, certains établissements privés sont moins chers que le public.
Ce qui n'est pas votre cas puisque vous ne faites pas énormément d'apprentissages. Pourquoi ce choix ?
Alors non, je corrige, parce qu'on a de l'apprentissage dans nos écoles. En plus, c'est une nécessité pour un certain nombre d'étudiants. Disons qu'on ne commence pas nos parcours par de l'apprentissage.
Ce qui est le cas parfois de vos concurrents.
Parfois. Ce n'est pas le plus souvent parce que lorsqu'un jeune homme ou une jeune fille sort de terminale pour le présenter à l'entreprise et pour que l'entreprise accepte une espèce de temps partiel de travail avec quelqu'un qui ne sait encore rien faire dans l'entreprise et qu'elle paie pour ça. Ce n'est pas si facile que ça de se trouver.
Vous ne préconisez pas l'apprentissage juste après le bac ?
Non, certainement pas.
Il y a quelques mois, sortait le livre Le Cube de Claire Marchal, qui dénonçait les dérives de l'enseignement privé, de grands groupes privés dans lesquels on investit des fonds d'investissement. Le retentissement de cette enquête vous a-t-il causé du tort ?
Non. Je dirais plutôt qu'il y a peut-être une différence qui a pu se faire entre certains groupes privés et d'autres, mais pas du tout. Je crois que l'enquête était focalisée sur certaines pratiques, sur certains établissements. Et je crois que même sur le groupe qui était concerné, les étudiants ont su faire la différence entre les pratiques qui étaient dénoncées à juste titre et les écoles qui pratiquaient autrement, même à l'intérieur de ce groupe.
Il était question d'écoles subventionnées par des aides d'État, grâce à l'apprentissage des formations pas toujours diplômantes, surpeuplées, des machines à cash...
La machine à cash... Je ne suis même pas sûr que même dans l'établissement concerné ce soit le cas...
En tout cas, ce n'est pas du tout votre modèle. Vous, c'est un groupe familial. Il n'y a pas de fonds d'investissement. Ce qui change le contenu des formations ?
Voilà. On est très traditionaliste dans nos formations. C’est-à-dire que pour nous, un jeune homme ou une jeune fille qui rentre chez nous, ce sont des personnes qu'on doit en même temps former à un métier, mais qu'on doit également d'une certaine manière éduquer. Et pour les éduquer, il faut qu'ils soient là. S’ils ne sont pas là, on ne peut pas faire ce boulot. Il y a quand même toute une partie de la formation qui se fait à travers la vie associative, à travers la participation à des événements généreux, à travers des manifestations sportives, à travers une collaboration informelle qui se passe entre étudiants. Il y a des gens qui restent au campus. Il y a des années, j'ai connu, je vous assure, des étudiants qui passaient les soirées, qui passaient les périodes de Noël au campus s’ils étaient loin de leur famille et ils trouvaient une chaleur sur place.
Il y a donc des formations reconnues par l'État. Ça ne suffit pas à faire le tri quand on est parent et qu'on veut le meilleur pour son enfant ?
C'est déjà une chose. Ce qui aide beaucoup à faire le tri, ce sont quand même les formations qui sont évaluées par des grandes conférences, comme la CEFDG [NDLR : Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion]. C’est-à-dire reconnues par des organes qui sont exigeants, ou la Conférence des grandes écoles, véritablement pour les formations, pour la recherche, pour l'international, pour le dispositif mis en place, pour la qualité de l'enseignement. Et là je pense que ça, c'est déjà un bon repère.
Est-ce que le fait qu'il y ait de plus en plus d'inscrits aussi dans le privé ne montre pas que c'est de plus en plus difficile de se reconnaître dans les formations parfois dispensées à l'université ? On ne voit pas toujours à quel métier ça va nous mener.
Mais c'est vrai qu'il y a une recherche de l'efficacité, je parle des jeunes.
"Quand les jeunes cherchent une formation, ils cherchent une efficacité, c’est-à-dire avoir un métier derrière. Mais pas tous. Il y en a beaucoup qui s'engagent dans des formations par idéalisme, par envie, par curiosité. Et c'est bien et heureusement parce que l'Etat fait un travail que seul l'Etat peut faire."
Fabrice Bardèchesur franceinfo
Vous ne le faites pas ?
On fait notre part de recherche. Mais notre recherche, elle, s'inscrit toujours dans un aspect utilitaire.
Avez-vous mis en place dernièrement des nouvelles formations pour être en adéquation avec les métiers de demain ?
Par exemple, ce qui occupe tout le monde aujourd'hui, bien sûr, c'est l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, on a créé un centre d'études pour l'intelligence artificielle qui permet de former à la fois tous nos personnels, nos étudiants et de prendre cette pratique à notre compte pour faire progresser tout le monde, y compris les étudiants, y compris les professeurs. Et se servir positivement de l'IA. Je pense que c'est la seule façon de l'aborder parce que de toute façon, elle est là.
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