Emploi : "À partir de 55 ans, ça devient plus difficile et c’est lié à des préjugés", explique le directeur général de l'Association pour l'emploi des cadres
L'Association pour l'emploi des cadres (Apec) vient de lancer une campagne pour interpeller sur l'emploi des séniors. Gilles Gateau, son directeur général, était l'invité éco de franceinfo mardi 26 septembre.
Vous avez peut-être vu cette campagne d'affichage dans le métro ou sur les abribus avec une personne de dos aux cheveux grisonnants et cette étiquette collée dans le dos ? "Périmé ?", c'est le nom de cette campagne de pub lancée par l'Association pour l'emploi des cadres (lApec). Elle vient également de publier une étude sur l'emploi des cadres seniors. Gilles Gateau, le directeur général de l'Apec, était l'invité éco de franceinfo pour expliquer pourquoi, selon lui, les recruteurs écartent les profils de cadres seniors.
franceinfo : Vous le constatez, vous qui dirigez une sorte de Pôle emploi des cadres, les patrons ne veulent pas embaucher des seniors ?
Gilles Gateau : Tous les jours à l'Apec, on est confronté à ce paradoxe terrible. D'un côté, des entreprises qui cherchent des compétences, qui cherchent à recruter et qui souvent, peinent à trouver des candidats, et de l'autre, des candidats expérimentés, mais un peu seniors en âge. À 55 ans, il vous reste pratiquement un quart de la vie professionnelle devant vous. C'est encore jeune dans une vie professionnelle. Et pourtant, à partir de 55 ans, parfois même plus jeune, 50 ans, ça devient plus difficile et les portes se ferment. Les recruteurs écartent les profils, ça devient plus difficile. Une grande partie des difficultés que rencontrent ces cadres seniors sont liées à des stéréotypes, des préjugés qui leur collent à la peau comme une étiquette : finalement, vous êtes trop vieux.
Quels sont ces préjugés : vous êtes trop vieux, vous êtes inadaptés, vous n'êtes pas assez formés, vous êtes trop chers, c'est tout ça à la fois ?
C'est tout ça à la fois. Vous êtes moins facile à manager, vous êtes moins à l'aise avec les nouvelles technologies, vous êtes plus chers. Il y a beaucoup de représentations qui ne correspondent pas du tout à la réalité, par exemple sur les nouvelles technologies. C'était peut-être vrai il y a 20 ans. Il y a une génération qui n'est pas née avec Internet et avec tous ces outils, mais qui, depuis 20 ans, se les est totalement appropriés dans le monde professionnel.
Selon l'étude que vous publiez aujourd'hui, les seniors sont sous représentés dans l'informatique, l'ingénierie. Des secteurs où on imagine qu'il y a une formation continue et qu'il faut se mettre à jour en permanence ?
En tout cas, il y a une réalité : à mesure qu'on avance en âge dans l'entreprise, l'entreprise investit moins en vous et, en particulier, vous donne moins accès à la formation qui permet de mettre à jour en permanence ses compétences. Plus on avance en âge, plus on a de l'expérience, mais moins votre employeur considère qu'il est important que vous puissiez vous former. Et parfois, moins on a envie de se former parce qu'on se dit : Allez, il me reste cinq ans, pourquoi je repartirai en formation ? Ce qui évidemment peut devenir un handicap très fort dans un moment où le travail change et les emplois bougent constamment.
La réforme des retraites est entrée en vigueur début septembre, l'âge légal de départ à la retraite va passer progressivement de 62 à 64 ans. Une négociation interprofessionnelle sur la question spécifique de l'emploi des seniors va s'ouvrir à l'automne. Qu'en attendez-vous ?
C'est évidemment un point absolument essentiel. Si le recul de l'âge de la retraite de 62 à 64 ans devait se traduire par deux années de chômage supplémentaires pour des cadres seniors qui sont toujours en difficulté pour retrouver un job, évidemment, ce serait catastrophique. Il peut bien sûr espérer, et c'est ce qui s'est passé avec les réformes de 2010, que le recul de l'âge de la retraite amène finalement aussi à une augmentation du taux d'emploi entre 62 et 64 ans. C'est très probable. Là, l'enjeu de cette négociation, c'est d'accompagner ce mouvement qui risque de ne pas se faire tout seul, qui risque de ne pas être complètement spontané.
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