Les emprunts de défense nationale, une histoire de paix : l'info de l'histoire du 22 mars
L'actualité remise en perspective chaque samedi, grâce à l'historien Fabrice d'Almeida.
/2025/03/22/poinc-67dec32704859822657338.jpg)
Le projet d’emprunt de défense imaginé par les Européens rappelle le long parcours qu’il a fallu pour qu’une telle idée paraisse aller de soi.
Quand on parle d’emprunt de défense nationale, en France, dans de nombreuses familles on se souvient des emprunts de la guerre de 14-18. Derrière le président Poincaré et le ministre des Finances Alexandre Ribot, la France a levé pas moins de six grands emprunts, des obligations à 5% puis 4%. Au moins pour la durée du conflit. Les Français se sont précipités sur les premières tranches lancées, avec leur liquide. Mais à mesure que le conflit s’est prolongé, il a fallu chercher aussi sur le marché international. Comme le pourcentage ne prenait pas en compte l’inflation, les sommes remboursées après-guerre étaient plus faibles que celles investies. Cela a fragilisé les petits rentiers qui ont soutenu le pays mais n’ont pas gagné d’argent dessus, au contraire.
En réalité, la situation actuelle est différente de celle d’un État en guerre. Elle rappelle plutôt la période qui l’a précédée. Une époque souvent qualifiée de "paix armée". C’est la période entre la guerre de 1870 et celle de 1914. Les États étaient lancés dans une course à l’armement et ne s’affrontaient pas directement (ce qui ressemble à la situation actuelle). Durant cette paix armée, les États comme la France ont émis des obligations pour assurer le développement de leur défense. Ce sont ces méthodes imaginées par la banque centrale et le ministère des Finances qui ont permis de drainer l’épargne pour construire une industrie capable de fournir vite les équipements nécessaires aux soldats, en 1914.
En fait, tout cela est le résultat d’un siècle de recherches de techniques financières au service de l’État. Tout a commencé en 1789, par Joseph Duruey, le chargé de finances de Louis XVI qui a émis le premier grand emprunt public. Puis Napoléon a créé la Banque de France et réformé le système bancaire. Et ces méthodes ont continué de s’améliorer après.
Cela devait servir la défense, mais pas seulement
Pour bien comprendre la fonction de ce système d’emprunts de défense, il faut écouter un homme politique totalement oublié, qui évoquait cela en 1944 : Aimé Lepercq, ministre des Finances du gouvernement provisoire du général de Gaulle. On était en novembre 1944, peu avant son décès accidentel. Lepercq affirmait que les emprunts de guerre et de défense servent la guerre. Mais pas seulement. Ce sont des leviers pour penser la suite, l’après-guerre, le temps de paix, l’innovation et la solidarité sociale. C’est pour cela que les obligations de défense ont continué après la Grande Guerre et après la Seconde Guerre mondiale.
C’est pour cela qu’elles reviennent aujourd’hui et sont si importantes. Car derrière l’investissement de défense se trouve poser la question de la cohésion sociétale et des solutions durables. Naguère, on pensait cela à l’échelle nationale ; aujourd’hui l’échelle européenne s’impose. Car comme le disait Aimé Lepercq, ces emprunts servent à défendre notre liberté et nos valeurs. Il est normal que les mieux lotis y participent de leur plein gré.
À regarder
-
Goncourt des lycéens : et toi, tu lis quoi ?
-
Bernard Pivot à Robert Badinter : "Si Dieu existe, qu'aimeriez-vous qu'il vous dise ?"
-
Instabilité politique : du jamais vu sous la Vè République
-
Soldats ukrainiens : 12 points par Russe abattu
-
Comment Amazon veut distancer Temu et Shein
-
"Rentrer dans un gouvernement ? Un gouvernement de qui ?"
-
Procès Jubillar : l'alibi de l'amant en question
-
Vols d'or : la psychose des bijoutiers
-
7-Octobre : deux ans après, l'hommage aux victimes
-
Crise politique : l'Europe redoute le chaos en France
-
Typhon en Chine : des milliers de déplacés pour échapper aux vagues
-
À peine nommés, déjà démissionnés : qui gère le pays ?
-
Des jupes pour le personnel masculin d'Eurostar
-
Greta Thunberg maltraitée en Israël ?
-
Ce jeune meurt en voulant échapper à son expulsion
-
Avec les fans de Taylor Swift au Grand Rex à Paris
-
Violence dans les avions : des passagers trop turbulents
-
Procès des viols de Mazan : Gisèle Pelicot face à un dernier accusé
-
Grand-mère pyromane : condamnée pour 11 incendies
-
Fraude fiscale des banques : des milliards d’euros évaporés ?
-
10 Bercy pour Orelsan : une première dans le rap français
-
Le meilleur vin effervescent du monde serait... un mousseux anglais
-
Drones : un spectacle vire au chaos en Chine
-
Le berceau de l'humanité serait en Asie et pas en Afrique
-
On n’a plus de Premier ministre (encore)
-
Des prêtres catholiques à l'assaut des réseaux sociaux
-
Le Royaume-Uni veut créer une carte d'identité numérique
-
Drones, navires fantômes : l’avertissement de V.Poutine
-
Où en sont les tests salivaires pour détecter l'endométriose ?
-
"On ne peut pas être Premier ministre lorsque les conditions ne sont pas remplies", assure Sébastien Lecornu
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter