Crises internationales et mouvements boursiers : l'info de l'histoire du 12 avril

L'actualité remise en perspective chaque samedi, grâce à l'historien Fabrice d'Almeida.

Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Les unes de la presse parisienne au lendemain du krach du 19 octobre 1987 (OLIVIER NILSSON / ARCHIVES)
Les unes de la presse parisienne au lendemain du krach du 19 octobre 1987 (OLIVIER NILSSON / ARCHIVES)

Annonce de l'imposition de droits de douane sur les prodiuts importés aux Etats-Unis, puis rétropédalage de Donald Trump avec une suspension de la mesure pour 90 jours : la politique commerciale du président américain a provoqué une spectaculaire baisse des marchés boursiers en début de semaine, puis une remontée des cours.

Certes, la bourse est la bourse, avec ses mouvements réguliers de hausse et de baisse, notamment lors des prises de bénéfices. C’est classique. Mais le mouvement de cette semaine s’apparente aux chutes spectaculaires, ce que l’on appelle des krachs, dont les plus importants ont marqué l’histoire. Rappelez-vous, avec la crise du Covid, l’énorme chute de la bourse en mars 2020. Moins 34% en un mois. Les compagnies aériennes, le tourisme, tout ce qui était lié au voyage s’est effondré. À l’inverse, les valeurs digitales et les services de livraisons ont explosé : Amazon, les grands réseaux sociaux, Zoom, ou Uber…

Mais ces fortes baisses ou ces gains sont aussi suivis de mouvement de correction. En 2020, malgré la crise du Covid, dès le mois d’août on a retrouvé la valeur d’avant la crise. Et en moins d’un an, le marché a pris 70%. Et c’était pareil en 2008, à l’occasion de la crise des subprimes. Avec une perte de 57% sur un an et demi, mais une remonté de 70 % en un an entre mars 2010 et mars 2009.

En fait, avec toutes les grandes crises les bourses ont appris à mettre en place des systèmes de suspension de cotation et de blocage de marché pour éviter les chutes mortelles. Et avec la titrisation et la forte croissance des marchés boursiers dans les années 1980, les remontées sont plus rapides qu’avant.

Les précédents historiques : les krachs de 1929 et 1987

En 1987, un seul jour, le 19 octobre, voit une baisse de 22%. Et il faut deux ans pour retrouver le niveau. Ce jour-là, un des financiers milliardaires américains, Warren Buffet, perd personnellement 342 millions de dollars. Pas d’inquiétude, il se refait en achetant des actions Coca-Cola qui vont grimper en flèche avec la mondialisation. Mais cela le rend très prudent. Il n’investira pas dans les techs et évitera le krach de la bulle informatique 2000-2002. Alors que tant de petits épargnants seront laminés.

C'était pareil lors de la grande crise de 1929, celle qui est encore étudiée dans les lycées. Il faudra 25 ans pour retrouver le niveau des cours de la bourse d’avant. Bien sûr, le contexte était très différent. Pas d’internet, ni de marché boursier mondial, une financiarisation encore faible. Mais déjà des bulles, du surinvestissement comme dans la crise des subprimes de 2008, la spéculation. Et deux profils différents ont perdu et gagné : d’un côté les industriels républicains, qui minimisaient la gravité, comme Andrew Mellon, le secrétaire d’État au trésor. Il a été contraint à la démission. Et de l’autre Joseph Kennedy, qui anticipe et renforce sa fortune dans ce drame.

Dans la crise actuelle le dernier mot revient à Warren Buffet, né juste après le krach de 1929, en 1930. Voici trois semaines, fort de ses 60 ans de carrière financière, il mettait en garde Trump contre une réduction des impôts, un dollar instable et les décisions brusques d’Elon Musk. C’était la première fois qu’il prenait ainsi le risque d’intervenir en politique. À 94 ans, mieux que d’autres il avait perçu les risques que l’incertitude des choix de Donald Trump peut créer dans les marchés boursiers.

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