Édito
Vote de confiance : Matignon, présidentielle... La perspective du 8 septembre ravive les ambitions

L'annonce de François Bayrou de demander la confiance de l'Assemblée nationale 8 septembre pourrait changer la donne sur la scène politique. Le Premier ministre a créé la surprise. La droite hésite sur sa stratégie, le RN réclame des élections et la gauche s'organise aussi, chacun préparant déjà 2027.

Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les députés en séance à l'Assemblée nationale, le 8 juillet 2025 (photo d'illustration). (GUILLAUME BAPTISTE / AFP)
Les députés en séance à l'Assemblée nationale, le 8 juillet 2025 (photo d'illustration). (GUILLAUME BAPTISTE / AFP)

Le 8 septembre va-t-il rebattre les cartes en vue de la présidentielle ? Avec son effet de surprise, François Bayrou fait en tout cas tomber les masques. Ceux qui ont été à sa place ou s’y voient assurent le service minimum et évitent de trop s’abîmer en soutenant un condamné !
Gabriel Attal votera la confiance, rien de plus. Le maire du Havre, Édouard Philippe, juge, lui, une dissolution "inéluctable". Déjà candidat pour 2027, il avait reproché à Emmanuel Macron d’avoir "tué la majorité présidentielle" en 2024. La dissolution ? Il ne faut pas écarter cette hypothèse, affirme Gérald Darmanin. Le ministre de la Justice fait sa rentrée dans son fief de Tourcoing dimanche avec l’idée d’avancer ses pions, lui aussi. 

De leur côté, les ténors de la droite procèdent à un numéro d'équilibriste ? Au menu, contorsions et dilemmes pour le nouveau héros de la droite, Bruno Retailleau. Doit-il rester au gouvernement ou en sortir, mais surtout quand et comment ? Rester solidaire du bateau qui coule ou se jeter à l’eau, au risque de passer pour un déserteur ? Le ministre de l’Intérieur vante son sens de la responsabilité, mais craint l’étiquette "macroniste". Dans sa nuque, il doit peut-être sentir le souffle chaud d’un revenant : Laurent Wauquiez.  Laminé lors de l’élection à la tête du parti, le soutien de son groupe LR à l’Assemblée est moins évident. Quelques-uns hésitent encore. Lui escaladera l’air de rien le mont Mézenc le week-end du 30 et 31 août pour montrer qu’il n’est jamais battu. À droite aussi, les écuries s’organisent et les poids lourds cherchent à marquer leur territoire.

Le RN en embuscade 

Pendant ce temps-là, le Rassemblement national réclame le retour aux urnes ! La page Bayrou est tournée. Marine Le Pen l’accuse de mentir, pas d’ambiguïté, pas de confiance. Sa réaction ultrarapide au vote de confiance a surpris tout le monde, François Bayrou le premier. Avec sa lettre restée sans réponse, elle passe pour la plus responsable de tous. Le président du RN, Jordan Bardella, réclame sur tous les tons de nouvelles élections. Comme une revanche, puisqu’il se revoit à Matignon, jouant la carte de la stabilité, avec un refrain : le phare dans la nuit, c’est nous. Le seul parti susceptible de rassembler une large majorité, c’est nous.

Pour compléter le tableau, la gauche s’organise aussi ! Les insoumis n’iront pas à Matignon lundi. Jean-Luc Mélenchon rêve même de ne pas attendre 2027 et de grève générale le 10 septembre. La présidentielle anticipée n’est pas du goût du Parti socialiste. À Blois, ce week-end, avec Raphaël Glucksmann, le PS fera ses propres propositions budgétaires : un chemin pour se poser en alternative au gouvernement Bayrou, prêt à gouverner, c’est sa volonté. D’autres comme Clémentine Autain ou François Ruffin rêvent de refaire l’union, sans réussir à la concrétiser. La gauche pourra-t-elle sortir de la division ?

Quant à François Bayrou. Après 40 ans de vie politique, croit-il toujours à sa volonté de sortir sur un coup d’éclat. Si oui, cela lui fait au moins un point commun avec tous les autres.

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