: Édito

Vote de confiance : François Bayrou tente de recoller les morceaux

Un nouvel épisode dans le feuilleton François Bayrou. Après la surprise de lundi et son annonce de demander la confiance de l'Assemblée nationale le 8 septembre, il s’agit désormais d’essayer de reconstruire les ponts. À sa manière, François Bayrou a lui aussi tout envoyé valser. Un effet blast, un effet de surprise, signé de la main de celui qui n’aime pas qu’on dise qu’il n’est là que pour durer. Maintenant que le pyromane Bayrou a allumé la mèche, le pompier Premier ministre tente d’éteindre l’incendie. A priori, aucune chance de s’en sortir. Il invite les partis politiques à partir de lundi 1er septembre, prêt à discuter de tous les sujets, sauf un. Le constat est simple, la France est au bord de la falaise et l’effort à fournir est identifié. Le Premier ministre estime qu'il y a 44 milliards d’euros à économiser. 

Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, François Bayrou tend la main. Pour amadouer la gauche, devant la CFDT, premier syndicat du pays, il ouvre la porte. S’il reste à Matignon, son budget pourrait demander un effort aux plus hauts revenus, mais rien n’est clair, tout reste flou. IL y a le risque de faire peur aux patrons, de leur mettre une cible dans le dos et donner l’impression qu’il les lâche. "Ça suffit, on ne joue pas avec l’économie", avertissait Patrick Martin, le président du Medef, sur franceinfo, mercredi. Le Premier ministre s’exprimera devant les patrons jeudi. Sa stratégie est simple : les brosser dans le sens du poil.

La méthode de François Bayrou peut paraître déconcertante. Poser cette question peut prêter à sourire, mais qu’a-t-il fait de son été ? Un été passé enfermé à Matignon. Un vieux briscard de la vie politique, un homme à ce point rompu aux arcanes du pouvoir, aurait dû consulter et négocier. En clair, il aurait pu s’y prendre autrement. A-t-il suffisamment préparé son coup ? Difficile à dire, mais depuis son coup de poker de lundi, François Bayrou semble courir après le temps. Tous les partis du pays se sont positionnés en moins de deux heures chrono, et sans tergiverser.

Peu de contacts avec les oppositions

Comme l’a révélé le service politique de franceinfo, les contacts ont été laconiques cet été entre François Bayrou, pourtant enfermé à Matignon, et les leaders du Parti socialiste. "Ils étaient tous en vacances", se moque le Premier ministre. Passer à la vitesse supérieure, il ne l’a jamais fait, persuadé à tort que le PS lui sauverait la mise, persuadé que le PS jouerait la sécurité, refusant l’instabilité, surtout à moins d’un an des élections municipales. Avec le Rassemblement national aussi, le piège s’est refermé. Marine Le Pen n’a jamais eu de réponse à sa lettre envoyée au cœur de l’été. Quitte à renoncer à sa stratégie de la cravate, le RN est prêt à renvoyer un deuxième Premier ministre en neuf mois. Et tant pis si celui-ci envisageait de lui promettre l’instauration de la proportionnelle.

Mystique, en mission, un ministre qui le connaît bien nous disait mercredi que François Bayrou avait un rêve, qui l’a peut-être conduit au cauchemar : ressembler à Pierre Mendès France, un Premier ministre qui n’a pas duré, mais dont on se souvient encore.