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Édito
Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, deux ministres, deux visions et un objectif : 2027

À quelle catĂ©gorie de Français s’adresser en prioritĂ© ? En cette rentrĂ©e, deux lignes s’affrontent au sein de l’exĂ©cutif et le dĂ©bat fait rage.

Article rédigé par franceinfo
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Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, le 7 juillet 2020. (ERIC PIERMONT / AFP)
Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, le 7 juillet 2020. (ERIC PIERMONT / AFP)

Classes populaires ou classes moyennes ? Le gouvernement redĂ©couvre la lutte des classes ! DĂ©fendre les classes populaires, c’est le leitmotiv de GĂ©rald Darmanin. Le ministre de l’IntĂ©rieur veut les sĂ©duire en se montrant ferme sur les sujets rĂ©galiens – autoritĂ©, sĂ©curitĂ©, immigration - et en prĂŽnant des hausses de salaires. Il invite les chefs d’entreprise Ă  faire des "efforts" en redistribuant une partie de leurs bĂ©nĂ©fices et il plaide pour le report de la baisse des impĂŽts de production. 

>>Loi immigration : GĂ©rald Darmanin se dit prĂȘt "au compromis" lors du dĂ©bat sĂ©natorial

Les classes moyennes, elles, sont l’objet de toutes les attentions de Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie et des Finances, qui est l'invitĂ© du 8h30 de franceinfo jeudi 7 septembre, en fait les cibles privilĂ©giĂ©es de ses choix fiscaux. Il leur promet deux milliards de baisses d’impĂŽts supplĂ©mentaires, et rĂ©cuse dans le mĂȘme temps toute hausse d’impĂŽt pour les entreprises.

>> Des baisses d'impĂŽts pour les classes moyennes pourraient ĂȘtre mises en place "si possible dĂšs le budget 2025", annonce Bruno Le Maire

Ce clivage oppose donc aussi deux personnalitĂ©s rivales. Deux ministres ambitieux qui ont dĂ©jĂ  la tĂȘte Ă  2027 et prĂ©parent l’aprĂšs-Macron en peaufinant leurs profils politiques respectifs. L’un, Bruno Le Maire insiste sur l’activitĂ© et l’emploi. Il rĂ©pĂšte qu’il veut tourner la page du "quoi qu’il en coĂ»te" et Ă©carte toute nouvelle ristourne sur le prix des carburants. L’autre, GĂ©rald Darmanin, s’inquiĂšte de l’angoisse du dĂ©classement, de "la marmite sociale qui bout" selon son expression, et met davantage en avant l’enjeu du pouvoir d’achat.

Un mĂȘme adversaire : Marine Le Pen

GĂ©rald Darmanin veut reconquĂ©rir les classes populaires qui ont dĂ©jĂ  basculĂ© Ă  l’extrĂȘme droite. Et ramener aux urnes la frange, massive, qui s’abstient. Bruno Le Maire, lui, entend Ă©viter que les classes moyennes, dĂ©jĂ  rongĂ©es par le lepĂ©nisme, n’y succombent totalement en 2027. En fait, leurs diagnostics convergent. Pour Ă©viter la victoire du RN dans quatre ans, la majoritĂ© va devoir rassembler.

En son temps, Lionel Jospin rĂȘvait dĂ©jĂ  d’une nouvelle alliance entre "exclus, classes populaires et classes moyennes". Plus loin encore, dans les annĂ©es 70, François Mitterrand prĂ©tendait "bĂątir un front de classes" pour accĂ©der au pouvoir. Ce n’est plus vraiment le vocabulaire de la start-up nation, mais la recette n’a pas tant changĂ© que cela.

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