Édito
Immigration : comment la ligne de Bruno Retailleau s'est imposée

François Bayrou menace de dénoncer les accords avec l'Algérie. C'est ce qui ressort du comité interministériel sur l'immigration mercredi. Le ton monte au gouvernement et c'est la position de Bruno Retailleau qui l'emporte.

Article rédigé par franceinfo - Antoine Comte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, à Matignon, le 26 février 2025. (TERESA SUAREZ / EPA / MAXPPP)
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, à Matignon, le 26 février 2025. (TERESA SUAREZ / EPA / MAXPPP)

Sur les sujets migratoires, deux lignes politiques s'opposent au sein de l'exécutif. Et après le comité interministériel sur l'immigration du mercredi 26 février, l'une des deux semble s'imposer. D'abord, il y a celle incarnée par les ministres de l'aile gauche du gouvernement (comme Manuel Valls, Élisabeth Borne ou Éric Lombard), qui sont peu en phase avec les récentes sorties de François Bayrou sur le "sentiment de submersion migratoire" ou encore la question de la restriction du droit du sol. Ensuite, il y a celle incarnée par les ministres issus des rangs de la droite (comme Bruno Retailleau ou encore Gérald Darmanin), qui sont très favorables à l'élargissement du débat sur l'immigration en France, ce que François Bayrou a appelé lui-même : "Qu'est-ce qu'être Français" aujourd'hui en 2025 ?

On avait quand même une petite idée de la ligne politique qui allait l'emporter à l'issue de ce comité interministériel sur le contrôle de l'immigration et c'est confirmé. En menaçant l'Algérie de revoir les accords de 1968 si cette dernière venait à ne pas reprendre dans les prochains mois certains de ses ressortissants jugés dangereux par Paris, comme l'assaillant terroriste de Mulhouse qui a fait un mort samedi 22 février, François Bayrou a clairement donné le point à Bruno Retailleau et à la droite. Mais si l'homme fort du gouvernement semble bel et bien être Bruno Retailleau, cette ligne radicale et très droitière sur l'immigration sert aussi dans le même temps les intérêts de François Bayrou et sa survie à Matignon.

Le RN met la pression, mais pas question de censurer

Même si le Rassemblement national reproche à Bruno Retailleau de tenir de beaux discours sans pour le moment passer aux actes, aucun cadre influent du parti d'extrême droite n'a réagi mercredi aux annonces du Premier ministre à l'issue de ce conseil interministériel. Comme s'ils cautionnaient finalement les propositions du gouvernement, telle que la généralisation de "la force frontière" sur l'ensemble de l'Hexagone, par exemple.

Une position pas vraiment surprenante. Bien sûr, Marine Le Pen et ses troupes aimeraient que le gouvernement aille plus loin sur le taux d'exécution des OQTF, sur la suppression de l'AME ou encore sur l'organisation d'un référendum sur l'immigration. Mais au fond, pas question, en tout cas pour le moment, de censurer le gouvernement Bayrou. La stratégie officieuse du RN consiste plutôt à continuer de mettre la pression sur François Bayrou et ses ministres pour obtenir des victoires idéologiques comme celle sur la possible révision des accords avec l'Algérie, donc. Et puis tant que Bruno Retailleau, leur meilleur allié du moment, sera au gouvernement, pourquoi ne pas continuer à jouer ?

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.