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Édito
Démission de Sébastien Lecornu : comment le vieux monde politique ouvre la voie à l'extrème droite ?
La crise politique s’aggrave ouvrant un boulevard à Marine Le Pen. Le spectacle donné durant ces deux derniers jours est une preuve de plus de la décomposition du système politique français, entre bloc central qui s'effrite, droite de plus en plus gourmande, et gauche qui réclame le pouvoir après l'avoir refusé.
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Devant l’ampleur de cette crise politique, il y en a une qui se frotte les mains : c’est Marine Le Pen. Peut-être qu’un jour, un grand historien racontera la fin de règne crépusculaire d’Emmanuel Macron, et la façon dont droite, gauche et bloc central confondus auront déroulé le tapis rouge à l’accession au pouvoir de l’extrême droite. Un peu comme, dans L’Étrange Défaite, l’historien Marc Bloch analysait les erreurs des chefs militaires et politiques, la faillite du parlementarisme et l’aveuglement des élites, qui avaient conduit à l’effondrement de juin 1940.
En juillet 2024, le front républicain avait pourtant repoussé le RN au dernier moment dans les urnes, et accouché d’une Assemblée apparemment ingouvernable, sauf si les promoteurs de ce front avaient accepté de travailler ensemble. Ce qu’ils ne font pas. Les chefs de partis de l'arc républicain ne sont décidément pas à la hauteur de leurs électeurs.
Ces dernières quarante-huit heures illustrent l’effondrement de ce vieux monde politique, qui ouvre la voie à l’extrême droite. Résumons : un ministre de l’Intérieur à peine reconduit, Bruno Retailleau, menace de claquer la porte, lundi 6 octobre, parce que la tête du ministre de la Défense, Bruno Le Maire, ne lui revient pas. Et il réclame des postes pour ses affidés, comme si, pour faire face aux enjeux d’une période historique — dette record, urgence budgétaire, menace russe ou tempête Trump — la France avait absolument besoin de quelques ministres LR de plus.
Pendant ce temps, Olivier Faure s’offusque d’un casting de revenants qui penche à droite, alors que le PS a refusé d’entrer au gouvernement et condamnait par avance tout débauchage individuel à gauche. Gabriel Attal, lui, n’en finit plus de régler ses comptes avec Emmanuel Macron.
Et tout ce petit monde, obsédé par 2027, dédaigne l’engagement de Sébastien Lecornu de ne plus recourir au 49.3.
Rafistolage et bricolage de dernière minute
Comme si les parlementaires n’avaient pas envie d’exercer un pouvoir qui leur tend enfin les bras. "Une chambre ne peut gouverner et se voue au chaos quand elle devient une foule", prévenait déjà Marc Bloch. Lundi, c’est sans conteste Bruno Retailleau, le Ponce Pilate de la droite, qui a remporté le ballon d’or de ce concours de mesquineries, en assurant, la main sur le cœur, qu’il ne se sentait "absolument pas responsable" d’une crise qu’il a lui-même déclenchée. Emmanuel Macron accorde deux jours de sursis à Sébastien Lecornu parce que le chef de l’État mise une dernière fois sur une grande trouille commune au bloc central, à la droite et aux socialistes : la peur de la dissolution. D’où ce rafistolage et ce bricolage de dernière minute pour tenter d’éviter un scrutin que réclame Marine Le Pen, parce qu’il s’annonce triomphal pour ses troupes.
En juin 2024, personne n’avait compris qu’Emmanuel Macron décide de dissoudre.
Seize mois et trois Premiers ministres plus tard, plus grand monde ne comprend qu’il ne l’ait pas déjà refait.
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