Édito
Conclave sur les retraites : la méthode François Bayrou au crash-test

Le conclave sur les retraites, prolongé in extremis, met le Premier ministre sous pression. Sans accord d’ici la semaine prochaine, la menace d’une nouvelle censure refait surface.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
François Bayrou, le Premier ministre, à Matignon, le 13 juin 2025. (THIBAUD MORITZ / AFP)
François Bayrou, le Premier ministre, à Matignon, le 13 juin 2025. (THIBAUD MORITZ / AFP)

Ce conclave qui joue les prolongations, est un véritable crash-test pour la méthode Bayrou. Le conclave, c’est la trouvaille qui lui avait permis d’échapper à la censure début février. La concession qui lui avait offert l’indulgence du groupe PS. En contrepartie de l’ouverture de cette négociation pour améliorer la réforme des retraites, les socialistes s’étaient détachés du reste de la gauche, en particulier de la tutelle des insoumis. S’il n’y a pas d’accord entre partenaires sociaux la semaine prochaine, les socialistes pourraient de nouveau succomber à la tentation de la censure, une menace qu’ils se sont remis à agiter mardi 17 juin. L’issue du conclave pèse donc sur la stratégie de François Bayrou pour se maintenir au pouvoir. 

La stratégie de François Bayrou consiste à fracturer les oppositions. Pour le Premier ministre, c’est un impératif dès lors qu’il n’a pas de majorité absolue à l’Assemblée. La condition de sa survie à Matignon, c’est d’éviter l’alliance des contraires sur son dos, la coalition des gauches et de l’extrême droite qui a eu raison de Michel Barnier. D’où cette méthode Bayrou souvent critiquée pour son côté brouillon.

Le Premier ministre aime la palabre, il ne donne pas toujours l’impression de savoir exactement où il va. C’est flou, c’est lent, personne n’est vraiment pour, mais personne n’est franchement contre. Il agace jusque dans son camp, mais il n’offre guère de prises à ses opposants, une vraie savonnette qui leur file entre leurs doigts. De consultations en commissions, il gagne du temps, recule parfois, lâche beaucoup de concessions. Et pour l’instant, ça marche. Il vient de franchir le cap des six mois à Matignon, deux fois plus que Michel Barnier. Et puis, au fil du temps, le conclave sur les retraites a enterré la revendication qui colle à l’exécutif depuis l’adoption à la hussarde de la réforme en 2023 : l’abrogation de l’âge légal de départ à 64 ans.

Après les retraites, l'Himalaya du budget ?

Mais les insoumis continuent de la réclamer. Ils annoncent déjà une nouvelle motion de censure probablement vouée à l’échec. Comme souvent très divisés, une bonne partie des socialistes pourraient s’y rallier. Même si la chute du gouvernement n’est pas vraiment leur intérêt au moment où Emmanuel Macron va retrouver son pouvoir de dissolution. Le risque est de toute façon quasi-inexistant puisque le RN ne devrait pas l’approuver.

En cas de fumée blanche au conclave la semaine prochaine, François Bayrou soumettra ses conclusions au Parlement en septembre. Des opposants réintègreront sans doute par amendement l’abrogation de l’âge de 64 ans. Mais les socialistes auront du mal à faire capoter un compromis approuvé par la CFDT.

Bref, cahin-caha, la méthode Bayrou devrait tant bien que mal continuer son petit bonhomme de chemin jusqu’au véritable Himalaya programmé à l’automne, le budget. La censure sera alors bien plus menaçante. À moins que d’ici là, un conclave, une consultation bref, une nouvelle trouvaille, ne lui sauve la mise…

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