Édito
Conclave sur les retraites : après les prolongations, les tirs au but à Matignon !

François Bayrou a annoncé mardi matin qu'il allait rencontrer les organisations ayant participé aux discussions, alors que le conclave s'est achevé la veille sans accord., malgré une ultime journée de négociations. Un coup dur, pour un Premier ministre qui souhaitait ressusciter le dialogue social.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre François Bayrou, à Matignon, lors de la passation de pouvoir avec Michel Barnier, le 13 décembre 2024. (/ MAXPPP)
Le Premier ministre François Bayrou, à Matignon, lors de la passation de pouvoir avec Michel Barnier, le 13 décembre 2024. (/ MAXPPP)

Après cinq mois de négociation et malgré la séance de négociations supplémentaire, lundi 23 juin, le constat est net : aucun accord sur la réforme de 2023 n'a été trouvé. Mais le Premier ministre ne veut pas rester sur cet échec qui donne raison à tous ceux qui avaient claqué la porte. François Bayrou a pris la parole, au matin du mardi 24 juin, pour annoncer une convocation des partenaires sociaux : "Je ne peux pas accepter sans réagir qu'on se satisfasse d'échouer si près du but", a-t-il déclaré.

Cette prise de parole très matinale du Premier ministre, mardi 24 juin, avait pour but de couper l’herbe sous le pied des représentants syndicaux et patronaux. François Bayrou, en prenant la parole à 7 heures du matin, voulait parler avant que ceux qui ont participé à cette négociation, qui a donc échoué, ne règlent leurs comptes dans les matinales radio et télévision, ce qui aurait creusé un peu plus le fossé. 

Désormais en première ligne

Après les prolongations du conclave, avec la journée de plus de discussion, lundi, nous passons désormais aux tirs au but, mardi. François Bayrou répète que les différents participants étaient tout près d’un accord, notamment parce que le gouvernement s'était tenu à l'écart de cette négociation et laissé les partenaires sociaux discuter. En reprenant la main, puisqu’il invite les représentants syndicaux et patronaux à Matignon, François Bayrou prend évidemment le risque d’endosser un peu plus la responsabilité, et donc de payer le prix politique d’un échec.

Ce conclave, c'était son idée. Cette trouvaille qui lui avait offert au Premier ministre l'indulgence des socialistes pour éviter la censure en février. L'art de la négociation, la recherche du compromis restent son ADN politique. Son ambition était aussi de tenter de restaurer le dialogue social, si souvent contourné voire piétiné par Emmanuel Macron. Aujourd'hui il en va de sa crédibilité politique, mais aussi de son avenir. C'est donc pour l'heure un échec personnel.

Une motion de censure va être déposée par les insoumis. Les communistes et les écologistes vont probablement s'y rallier. Les socialistes menacent de le faire. François Bayrou souhaite évidemment éviter de chuter. Même si le RN ne devrait pas voter cette motion de censure, le Premier ministre ne veut surtout pas se retrouver dans la main de Marine Le Pen. Il a vu ce qu'il en a coûté à Michel Barnier. Il espère ne pas subir le même sort. 

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