"Le but des sociétés qui proposent des kits ADN, c'est faire de l'argent avec vos données", alerte Olivier Toscer, auteur d'une enquête sur Arte

Que ce soit pour faire des recherches sur sa généalogie ou sur ses gènes, les tests ADN sont interdits en France pour le grand public. Pourtant 1,5 million de Français y ont déjà recouru. Une enquête sur le phénomène est diffusée mardi sur Arte.

Article rédigé par Laurent Valière
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Olivier Toscer, réalisateur d'"ADN business, la face cachée des tests grand public". (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Olivier Toscer, réalisateur d'"ADN business, la face cachée des tests grand public". (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Le but de jeu de ces sociétés qui proposent des kits ADN, c'est faire de l'argent avec vos données", alerte Olivier Toscer, journaliste, auteur et réalisateur d'ADN business, la face cachée des tests grand public, diffusé mardi 27 mai sur Arte. Or "une étude scientifique américaine a établi il y a quelques années que 40% des tests étaient soit totalement faux, soit un petit peu faux", rapporte-t-il.

Kits d'analyse défectueux, résultats falsifiés, "on vous trouve des choses que vous n'avez pas dans votre génome", alerte Olivier Toscer. Il évoque le cas de Matthieu dans son documentaire, un jeune homme qui a cru avoir des gènes qui le conduiraient vers un cancer avant ses 40 ans. Et quand elles existent, des mutations génétiques peuvent être révélées en faisant croire à un évènement "délétère alors que cette mutation peut être tout à fait inoffensive, précise le réalisateur. La génétique est encore une science très récente, très neuve, on n'en sait encore pas grand-chose. Chaque année, on avance et on affine les connaissances."

Des clients appâtés et souvent déçus

Les tests ADN vendus par des entreprises privées sont en plein boom et ont déjà attiré 50 millions d’utilisateurs dans le monde. Un phénomène qui a notamment grandi après la révélation de l'actrice américaine Angelina Jolie qui avait découvert une réelle mutation nocive - très rare - et qui avait procédé à des ablations pour sauver sa vie. "Angelina Jolie a tout à fait boosté les ventes de ces tests aux États-Unis et dans le monde entier", raconte Olivier Toscer.

Ensuite, c'est devenu "un gadget de Silicon Valley", explique le journaliste, le phénomène s'est transformé en un "désir identitaire, savoir d'où on vient", précise-t-il en mettant en garde que "c'est là-dessus que les tests jouent". "En réalité on appâte des clients" avec des promesses souvent décevantes "parce que le but du jeu de ces sociétés, c'est faire de l'argent avec vos données une fois que vous les avez envoyées".

Le journaliste Olivier Toscer signe un passionnant documentaire sur le business de ces sociétés qui vendent des kits ADN. Le film présente trois des principales sociétés et rencontre à travers le monde ceux qui ont recours à ces tests pour faire des recherches généalogiques, des recherches de parents biologiques ou vérifier leur état de santé.

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