"Frotter frotter": le long combat des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolle adapté en série par la réalisatrice Marion Vernoux

Diffusé à partir de mardi sur France 2,"frotter, frotter" retrace en quatre épisodes la grève de 22 mois menée par des salariées d’un établissement parisien pour obtenir de meilleures conditions de travail.

Article rédigé par franceinfo, Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marion Vernoux, réalisatrice de la mini-série "Frotter frotter", diffusée les 19 et 26 février à 21h10 sur France 2. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Marion Vernoux, réalisatrice de la mini-série "Frotter frotter", diffusée les 19 et 26 février à 21h10 sur France 2. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Marion Vernoux est la réalisatrice et coscénariste d'une série tirée d'une actualité dont on avait beaucoup parlé en 2019, la grève des femmes de chambre d'un hôtel parisien, l’hôtel Ibis Batignolles. Cette série fiction en quatre épisodes intitulée Frotter frotter, qu'on peut voir à partir de mercredi 19 février à 21h10 sur France 2 raconte le combat de ces femmes invisibles, inaudibles, précarisées, qui ont réussi à tenir tête à leur direction en faisant d'énormes sacrifices notamment financiers, une lutte qui a fini par payer après 22 mois de mobilisationTout démarre quand une employée part avant la fin de son service afin d’emmener son fils à l’hôpital. Pour la réprimander son supérieur hiérarchique l’envoie dans un autre hôtel a deux heures de chez elle. Il ne veut rien entendre quant aux difficultés rencontrées par celle-ci et la dirige vers Pôle Emploi si d’aventure, cela ne lui convenait pas.

"On va faire grève", lance un des trois personnages principaux, une femme de chambre Française d’origine malienne, mère de famille nombreuse incarnée par la comédienne Eye Haïdara. On rencontre aussi une militante LGBT, ex-taularde et puis une avocate qui va les défendre, elle-même avec une histoire très forte, bourgeoise déclassée en plein divorce. Des femmes de ménage qui "sont tout à fait susceptibles d'exister", souligne Marion Vernoux et qui sont bien soumises à des cadences infernales, aux heures sup’ non payées, à des chefs tyranniques, enfin ce que vivent ces employées précaires dans la vraie vie. "On n'a pas à forcer le trait, confie-t-elle, on passe sous silence, c'était un choix, les abus sexuels dont elles peuvent être victimes quand même" parce que rentrer dans une chambre dans laquelle il y a un client, c'est un risque, "on avait peur que ça braque trop les projecteurs là-dessus". Ce sujet est tout juste évoqué quand un des personnages vient témoigner aux prud'hommes de ce qu'elle vit en disant que son corps ne lui appartient plus et que le client peut faire tout ce qu'il veut.

La réalité plus difficile que la fiction

"Les femmes de ménages dans les hôtels sont très peu protégées, très peu encadrées, très peu syndiquées et elles ne sont pas internalisées, donc elles n'ont pas les mêmes droits. Elles sont précaires."

Marion Vernoux, réalisatrice

à franceinfo

Pour les besoins de cette série déplacée dans le Nord, à Lille, on retrouve des comédiennes connues et reconnues : Eye Haïdara, Émilie Caen ou encore Karole Rocher, mais aussi des amatrices, des anonymes, recrutées de façon originale. "On a passé une petite annonce dans un centre culturel et social ,raconte Marion Vernoux. J'ai été très étonnée du nombre de volontaires". "J'ai vu beaucoup de femmes et il a fallu en retenir quelques-unes et ça m'a ouvert une porte sur leur quotidien", poursuit-elle notamment sur celui de Berthe, une "vraie" femme de chambre dans la vie qui allait souvent "faire des chambres Airbnb entre 14 et 16 h".

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