Facebook, TikTok... "Il n’y a aucune pression politique aux États-Unis pour que les plateformes continuent la bataille contre la désinformation", assure le PDG de l’AFP

L’Agence France Presse a perdu son contrat avec Meta pour ses activités de fact-checking. L’entreprise a décidé d’arrêter de faire de la vérification d’information sur ses réseaux sociaux aux États-Unis. Cet exemple pourrait être suivi par TikTok ou Google.

Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Fabrice Fries, PDG de l’Agence France Presse (AFP), le 21 mai 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Fabrice Fries, PDG de l’Agence France Presse (AFP), le 21 mai 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Il n'y a aucune pression politique aux États-Unis, évidemment, bien au contraire, sur ces plateformes, pour qu'elles continuent la bataille contre la désinformation", assure mardi 21 mai 2025 Fabrice Fries, le PDG de l’Agence France Presse (AFP), l'une des trois agences d'information mondiales à couvrir les événements partout sur la planète afin de fournir des dépêches et des vidéos aux médias. Début 2025 l'AFP a perdu son contrat de fact-checking avec Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), le patron de l'entreprise, Marc Zuckerberg, jugeant que "les vérificateurs ont été trop orientés politiquement et ont plus participé à réduire la confiance qu'ils ne l'ont améliorée, en particulier aux États-Unis".

Fabrice Fries explique avoir gardé, sur une équipe de dix, quatre fact-checkers aux États-Unis, les autres ont été "réaffectés dans le réseau". "On veut garder cette expertise parce qu'on considère que c'est essentiel dans le monde d'aujourd'hui d'être bon sur la désinformation parce que ça fait partie de l'info. Vous ne pouvez pas traiter d'un sujet aujourd'hui, malheureusement, sans vous intéresser aussi à toute la désinformation qui circule. Donc avoir des équipes spécialisées en la matière, c'est absolument indispensable, ajoute-t-il. Ça vous donne un exemple de ce qu'on va faire si jamais cette décision est élargie par malheur au monde entier."

"Évidemment", il y a un risque que TikTok ou Google prennent la même idée. En revanche "il n'y a aucune pression politique aux États-Unis, évidemment, bien au contraire, sur ces plateformes, pour qu'elles continuent la bataille contre la désinformation, précise-t-il.

"Zuckerberg a pris une décision purement politique."

Fabrice Fries, PDG de l’AFP

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"Ce qui peut nous protéger, ajoute le PDG de l'AFP, c'est le régulateur en Europe, bien sûr, mais aussi au Brésil, en Inde, qui peut dire 'attendez, les plateformes doivent se doter des moyens de lutter contre la désinformation'. Ça peut être le fact-checking, ça peut être autre chose naturellement."

Des résultats positifs pour la 6e année consécutive

Malgré un contexte difficile pour les médias et la presse, l'AFP vient de présenter des résultats financiers positifs. En effet, les revenus des médias décroissent en raison d'un marché publicitaire qui est de plus en plus phagocyté par les GAFAM, les Google et Amazon, etc. Et les médias peuvent de moins en moins se permettre d'être abonnés aux trois agences mondiales, l'AFP, Reuters et Associated Press. Ce qui les sauve ? "C'est beaucoup l'activité vidéo, la diversité de la couverture et puis la qualité éditoriale, répond Fabrice Fries. Dans un monde des médias, puisque ce sont principalement nos clients, qui sont un peu étranglés économiquement, on a fait de la croissance, ce qui est une belle performance".

"Vous devez avoir un bureau sur place avec des journalistes permanents et pas des correspondants que vous envoyez de l'étranger qui arrive deux jours après l'événement, le temps d'arriver sur place. Ça, c'est la force de l'AFP et c'est ce qui fait que nous sommes retenus par les BBC, Al Jazeera, CNN et autres qui sont nos grands clients. C'est parce qu'on peut les rassurer sur le fait qu'on aura cette couverture de tous les événements, de toutes les breaking news dans le monde entier", se félicite-t-il.

Un partenariat avec Mistral

L'AFP se diversifie de plus en plus. L'entreprise vient de nouer un partenariat avec Mistral, la start-up française de l'intelligence artificielle, qui propose son robot conversationnel qui est l'équivalent de ChatGPT. Ils ont mis à la disposition de l'entreprise toutes leurs archives depuis 1983, "depuis qu'elles sont numérisées", soit environ "11 millions de dépêches". Ils "alimentent" "l'agent conversationnel" appelé "le chat" qui, lorsqu'une question centrée sur l'actualité lui est posée, répond en se basant d'abord sur les archives de l'AFP.

Un nouveau service pour "atteindre une nouvelle catégorie de clients", "des entreprises, des administrations". Un nouveau contrat "conséquent, bien sûr", mais qui "ne va pas compenser la perte de Meta qui est un acteur qu'on a développé sur dix ans. Là, c'est une première année et Mistral est encore à ses débuts".

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