"Un groupe, ça porte et ça enferme à la fois" : dans "Les Filles désir", la réalisatrice ausculte les rapports hommes-femmes dans une bande de jeunes à Marseille

"Les hommes font beaucoup de bruit mais n'ont pas forcément la parole la plus libérée", commente la réalisatrice Prïncia Car qui, dans son premier film en salles mercredi, analyse "le poids du groupe" sur la parole et l'attitude des hommes.

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Housam Mohamed et Leïa Haïchour dans "Les Filles désir" de Prïncia Car. (Copyright Zinc)
Housam Mohamed et Leïa Haïchour dans "Les Filles désir" de Prïncia Car. (Copyright Zinc)

Marseille en été et des thèmes très actuels sont au cœur du film Les Filles désir. Un groupe de jeunes animateurs d'un centre aéré du quartier Saint-Thys, à l'est de la ville, profitent du soleil tardif en tchatchant et draguant du côté de la plage du Prado. Parmi eux, Omar, 20 ans, d'origine comorienne est en couple avec Yasmine, qui apparaît comme le leader naturel. Mais le retour inattendu de Carmen, ancienne de la bande, passée entre autres par la prostitution, va bouleverser un équilibre déjà fragile.

"Quand on démarre une fiction, on est obligé de grossir certains traits pour poser clairement des questions, explique Prïncia Car, la réalisatrice, et ici, c'est la question de la liberté individuelle, notamment par rapport à son propre désir dans un groupe."

"Comme dans tout cercle d'influence, que ce soit la famille, le boulot, l'école, un groupe, ça porte et enferme à la fois."

Prïncia Car, réalisatrice

à franceinfo

Le groupe, c'est à cette question de départ que s'attaque la réalisatrice : "Et ensuite on détricote et on prouve, on montre je l'espère que les choses changent, que les femmes s'émancipent et que les garçons se rendent compte qu’ils sont eux-mêmes victimes de ce poids du groupe."

Le droit à la parole, mais quelle parole ?

L'aspect le plus intéressant des Filles désir est son auscultation des rapports homme-femmes. Ces dernières continuent, malgré les effets du mouvement MeToo, d'être rangées dans des cases, celles qu'on épouse et celles avec qui on couche.

Et ironiquement, si les hommes sont ici les plus présents et les plus bruyants, ce sont bien les personnages de Yasmine et Carmen qui sont au cœur du film : "En effet, les hommes sont ceux qui ont le droit de prendre la parole et pourtant, ce n'est pas ceux qui ont la parole la plus libérée. Comme les femmes, elles, ont le droit de montrer leurs sentiments, détaille la réalisatrice, elles parlent beaucoup plus entre elles. Et donc, elles déconstruisent, elles se posent entre elles énormément de questions."

"Les garçons font du bruit, mais pour autant, n'ont pas le droit d'accéder à ce qu'ils ressentent intimement, à ce qu'ils ressentent vraiment."

Prïncia Car

à franceinfo

À la fois réussi sur le fond et la forme, avec une ville de Marseille aux lumières sublimes, mais filmée aussi avec toute sa dureté, Les Filles désir est enfin proposé aux spectateurs, mercredi 16 juillet, après avoir séduit à Cannes dans la Quinzaine des cinéastes.

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