Que devient Abraham Poincheval, le "papa poule" du palais de Tokyo ?
En 2017, Abraham Poincheval s'est lancé un nouveau défi. L'artiste de 44 ans va passer une vingtaine de jours, enfermé dans un vivarium, pour couver des oeufs, jusqu'à l'éclosion.
Le 29 mars 2017, Abraham Poincheval se lance un nouveau défi. Après s'être enfermé 15 jours à l'intérieur d'un ours empaillé, après avoir remonté le Rhône à l'intérieur d'une bouteille géante et avoir passé une semaine perché sur une plateforme, à 20 mètres de hauteur, cette fois, l'artiste de 44 ans s'apprête à passer une vingtaine de jours, enfermé dans un vivarium, pour couver des œufs, jusqu'à éclosion.
Quelques heures avant d'entrer dans sa cage de Plexiglas, Abraham Poincheval présente sa performance, qui a lieu au Palais de Tokyo, à Paris : "C'est très simple, on a fabriqué une sorte de vivarium, une vitrine pour pouvoir conserver la chaleur. Et dans cette vitrine, une sorte de table de couvaison a été installée, dans laquelle je me tiendrai".
Alors qu'il pensait avoir échoué, Abraham Poincheval a finalement réussi son pari. Après trois semaines de couvaison, un premier poussin est né, puis un deuxième. Au total, neuf poussins ont vu le jour et l'artiste a pu quitter son vivarium. Une association de défense des animaux s'est inquiétée du sort des poussins, mais Abraham Poincheval -devenu papa poule- assure qu'ils vont tous parfaitement bien. "Ils sont à la campagne tranquillement, ils ont grandi, ils ont passé l'adolescence et ils sont plutôt à l'âge adulte maintenant, raconte-t-il. Ils mènent une vie de poule, ils sont très heureux. Après je pense qu'ils regagneront sans doute le musée d'une autre manière, empaillés peut-être, je ne sais pas."
Liens paternels
Pour Abraham Poincheval, l'aventure était bien différente de celles qu'il a pu vivre jusque-là, "Parce qu'il y a du vivant et cela change énormément de chose. D'habitude, il n'y a que moi et l'objet donc j'ai surtout moi à gérer. Et là, le fait qu'il y ait un objet vivant qui soit là et qu'il faut réussir à maintenir en vie jusqu'au bout, jusqu'à éclosion, cela change énormément de choses. D'habitude, c'est moi qui fixe le temps de la performance et là ce n'est pas moi du tout qui fixait le temps, c'est l'œuf, l'œuf en gestation", raconte l'artiste.
Abraham Poincheval a aussi noué un lien particulier avec les poussins. "Déjà, il faut tourner les œufs parce qu'il ne faut pas que la peau du poussin se colle à la membrane et qu'il soit bloqué pour sortir, explique-t-il. Et puis je leur chantais des chansons un peu la nuit."
"Et ce que font les poules, c'est qu'elles donnent de petits coups de bec pour les activer, pour leur dire qu'il se passe quelque chose dehors et les pousser à vouloir sortir, poursuit Abraham Poincheval. Alors moi je n'ai pas de bec mais j'ai des ongles donc je tapotais un peu avec les ongles au-dessus. Et ce qui est très fort c'est quand le premier sort, il donne un peu le feu vert à tous les autres parce qu'il piaille dans tous les sens, il remue tout n'importe comment donc là ça va très très vite. Cela a été mon préféré celui-ci."
Contacts directs avec le public
Ces 21 jours d'isolement, Abrahama Poincheval les a vécus au contact direct du public, dans sa cage de plexiglas. "C'est très différent parce que la plupart du temps je suis enfermé et je suis en retrait, par exemple quand je suis dans une pierre on ne me voit pas ou quand je suis sous terre ou dans un ours. Du coup, être en lien direct avec le visiteur, c'est très différent car il y a cette interaction qui se joue. Je trouve assez fort que tout le monde se retrouve assis sur ce banc et se mette à discuter aussi car il y a du temps", détaille l'artiste qui rappelle que le succès de ses performances n'est jamais acquis d'avance.
"C'est ce qui m'intéresse aussi dans la pièce, il y a une grande partie qui n'est pas maîtrisée. C'est ce qui tient en haleine, ce qui permet aussi d'avoir du plaisir. Si tout était réglé d'avance, je ne vois pas trop l'intérêt. D'ailleurs, je crois aussi que c'est pour ça que ça marche, c'est parce qu'il y a cette tension qui est là, parce qu'il y a un doute", analyse le performeur.
Abrahama Poincheval avoue avoir failli flancher trois fois de suite parce qu'il n'arrivait pas "à dormir". "Le musée étant ouvert, il faut que je sois présent. Dès que je m'endormais, la température baissait énormément, il y a eu beaucoup de soucis. C'est une pièce qui a quand même été assez éprouvante", raconte-t-il.
Lente réacclimatation
Quatre mois après avoir quitté son cocon de plexiglas, dans lequel il a passé plus de 20 jours, Abraham Poincheval explique que son retour à la vie "normale" n'est pas si simple. "Je pense que je suis toujours en réacclimatation, je sens que j'ai toujours un petit endroit où c'est toujours un peu flottant mais ça va revenir tout doucement", assure ce véritable papa poule.
Abraham Poincheval rend souvent visite à ses poussins qui grandissent dans la ferme de ses parents, en Mayenne. Il continue aussi à réfléchir à son prochain défi : marcher sur les nuages. Il est question de ballon, d'une hélice, d'un treuil. Avec ces trois éléments, l'artiste espère exaucer ce rêve qu'il a depuis cinq ans.
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