"Quand vous voulez que les choses bougent, il faut parfois faire des sacrifices", estime Paul Watson, après cinq mois passés en prison au Groenland

Le 17 décembre 2024, le militant écologiste américain et canadien, défenseur des baleines, Paul Watson, est libéré de prison au Groenland, où il vient de passer cinq mois. Le Danemark a finalement décidé de ne pas l’extrader vers le Japon.

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le militant écologiste américain et canadien, défenseur des baleines, Paul Watson, est libéré de prison au Groenland, où il vient de passer 5 mois. (Agathe Mahuet / RadioFrance)
Le militant écologiste américain et canadien, défenseur des baleines, Paul Watson, est libéré de prison au Groenland, où il vient de passer 5 mois. (Agathe Mahuet / RadioFrance)

Le Japon, qui pratique toujours la chasse à la baleine, juge de son côté "regrettable" la libération du capitaine, qu’il accuse d’être co-responsable de dommages et blessures à bord d’un baleinier japonais, en 2010, lors d’une action menée avec son organisation "Sea Shepherd", le Berger des Mers.

Paul Watson, 74 ans, est depuis de retour à Paris, où il vit depuis une dizaine d’années. Il estime que son séjour en prison au Groenland a eu des effets positifs : "Cela a permis d'attirer l'attention internationale sur la poursuite de la chasse illégale à la baleine par le Japon, car il s'agit d'une entreprise criminelle, c’est ainsi que la définit la Cour internationale de justice de La Haye. Cela a permis aussi d'attirer l'attention sur le massacre de dauphins aux îles Féroé, qui appartiennent au Danemark. Donc cela a été embarrassant pour les deux pays. Pour nous, la campagne a été très réussie."

"Je dois faire très attention aux endroits où je me rends"

Ce n'est, d'ailleurs, pas la première fois que le militant séjourne en prison. Paul Watson avait déjà passé 120 jours dans une cellule néerlandaise car les Norvégiens tentaient de l'extrader. "Quand vous voulez que les choses bougent, il faut parfois faire des sacrifices", souligne le militant.

"Tous ceux qui ont, un jour, contribué à un changement social significatif dans l'histoire ont passé un peu de temps en prison, cela fait partie du processus !"

Paul Watson, militant écologiste

à franceinfo

Interpol, de son côté, vient d’abandonner la notice rouge émise par le Japon contre le militant écologiste depuis 14 ans. Cependant, le Japon peut toujours décider de lancer un mandat d’arrêt contre Paul Watson. "Je dois faire très attention aux endroits où je me rends. Je suis en sécurité en France, et je serais probablement en sécurité au Brésil, par exemple, mais sans doute pas aux États-Unis ou au Canada. Je suis citoyen de ces deux pays, et ils ont tous deux déclaré qu'ils m’extraderaient vers le Japon."

Le statut de réfugié politique pour voyager librement

En raison de cela, le militant écologiste, bien que l’Office français de protection des réfugiés et Apatrides (Ofpra) n’ait pas encore rendu sa décision, a déposé une demande en France pour obtenir le statut de réfugié politique. "Ce serait très utile, car avec le statut de réfugié politique, je pourrais voyager dans d'autres pays européens et être protégé. Le Japon exerce une énorme pression sur tous les pays où je me rends."

En attendant, Paul Watson peut compter sur le soutien de la France qui lui a donné la citoyenneté d'honneur de la ville de Paris en février 2025. "C'est incroyable, le soutien que j'ai reçu en France. J'ai reçu aussi la médaille de l'Assemblée nationale, des médailles de la ville de Nice et de Bordeaux, j'apprécie beaucoup tout ça. Mais surtout, cela attire vraiment l'attention sur les actions du Japon. Sur cette entreprise criminelle qu’est la chasse à la baleine." Depuis que le militant écologiste a commencé à s'opposer à la chasse à la baleine en 1975, ce dernier déclare y avoir mis un terme à 90%.

"Nous avons obtenu la fin des baleiniers en Australie, au Chili, au Pérou, en Afrique du Sud, en Union soviétique, en Espagne."

Paul Watson, militant écologiste

à franceinfo

La COP 30 en ligne de mire

Selon Paul Watson, ces actions ne sont donc pas vaines et contribuent grandement à sauver les baleines. Il nourrit l’espoir qu’un jour cette pratique cesse : "Nous avons sauvé des dizaines de milliers de baleines au fil des ans. Je pense que la chasse à la baleine est vouée à disparaître car elle ne rapporte rien. Elle ne persiste que grâce aux subventions gouvernementales de masse : les Japonais dépensent 30 millions d'euros par an pour continuer à tuer des baleines. Tout cela est fait à des fins politiques, et non pour des raisons économiques. Je suis donc convaincu que la chasse à la baleine disparaîtra totalement de mon vivant."

Le militant écologiste prévoit désormais de repartir en patrouille en mer dès cet été au large de la Guyane français, avec son navire, actuellement amarré à Marseille. Le capitaine compte, ensuite, participer à la COP 30 sur le changement climatique et s’attaquer à la pêche au krill, dans l’océan austral : des millions de tonnes de krill sont transformées en une pâte protéinée bon marché pour nourrir les animaux d'élevage ou les saumons. "Nous vivons aujourd’hui dans un monde où les poulets et les cochons mangent plus de poissons que tous les phoques de l'océan Atlantique", conclut Paul Watson.

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