Meta devant la justice kényane : des modérateurs de contenus de la maison-mère de Facebook dénoncent des conditions de travail "indignes"
La justice kényane a suspendu jeudi 11 mai les ruptures de contrats de plusieurs modérateurs de contenus de Meta, la maison-mère de Facebook, en Afrique de l'Est.
Meta, la maison-mère de Facebook, est devant la justice kényane pour trois affaires. Une nouvelle comparution au tribunal a eu lieu jeudi 11 mai, dans le cadre d’une action lancée par 184 modérateurs de contenu contre Meta et Sama, son sous-traitant pour la modération de contenus en Afrique de l’Est. Les plaignants, qui accusent les deux firmes de licenciement "illégal", ont vu leurs contrats rompus. En attente d’un jugement sur le fond, la justice kényane a suspendu ces ruptures de contrats. Elle vient de réitérer que Sama devait continuer à payer ses ex-employés, ce que Sama affirme faire.
Ils jugent leur licenciement "injuste"
Les plaignants accusent Meta et Sama de licenciement non-justifié et considèrent la procédure "injuste". Ils déplorent aussi avoir fait face à des "manœuvres antisyndicales" et avoir travaillé dans des conditions qu’ils jugent "indignes".
Beaucoup d’entre eux soulignent notamment les conséquences que ce métier a eu sur leur santé mentale. Passy Namyalo est ougandaise, elle a travaillé comme modératrice de contenus pour Sama pendant quatre ans, avant d’être licenciée en mars : "J’avais beaucoup de publications à étudier, que ce soit des spams, de la fraude, de la nudité d’adultes ou d’enfants ou encore du harcèlement et de la haine en ligne. Je me retrouvais à regarder des vidéos montrant des personnes se faisant poignarder, décapiter ou tirer dessus ou alors se suicidant en sautant d’immeubles. C’est traumatisant."
"Nous sommes en fait les soldats de Facebook, nous nous prenons les balles pour protéger les utilisateurs de la plateforme du monde entier."
Passy Namyaloà franceinfo
Beaucoup de modérateurs partagent le même ressenti que Passy Namyalo. Ils dénoncent aussi une charge de travail trop lourde. qui les contraignait à étudier des publications à la chaîne, quel que soit leur contenu.
Pour mieux défendre leurs droits, un peu plus de 150 d'entre eux ont pris la décision, le 1er mai 2023, de monter leur premier syndicat en Afrique. Ils réclament une meilleure compensation pour leur licenciement. Ils ont l’impression d’avoir été jetés comme des "déchets", selon le terme qu’a utilisé l’un d’entre eux. Certains disent aussi faire face à de la discrimination de la part de Meta. Car ils ont postulé pour travailler en tant que modérateurs de contenus chez son nouveau sous-traitant, Majorel, mais affirment avoir vu leurs candidatures bloquées.
Par ailleurs, avec leur nouveau syndicat, les modérateurs de contenus espèrent obtenir une meilleure reconnaissance de leur profession. Ils veulent notamment avoir accès à un meilleur accompagnement psychologique. Ils estiment aussi que leur salaire est trop bas. Les personnes interrogées par franceinfo disent avoir été payés entre 400 euros et 500 euros brut par mois. En bref, ils souhaitent une amélioration de leurs conditions de travail.
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