En Turquie, le procès d’étudiants accusés d’avoir brandi des drapeaux arc-en-ciel, symboles de la cause LGBT
Ce procès, parmi d’autres, illustre un phénomène qui prend de l’ampleur en Turquie : la criminalisation du mouvement lesbien, gay, bisexuel et transgenre.
Des étudiants sont jugés depuis quelques jours à Istanbul pour avoir manifesté contre la nomination, par le président Recep Tayyip Erdogan, d’un recteur issu de son parti politique à la tête de l’une des meilleures universités du pays, l’université du Bosphore.
Les manifestations avaient commencé en janvier et très tôt, le gouvernement a tenté de discréditer cette protestation en la décrivant comme "noyautée par des groupes LGBT", eux-mêmes qualifiés de "détraqués". Des centaines de personnes ont été placées en garde à vue et des dizaines sont actuellement jugées.
Une répression récente en Turquie
C’est le cas de Havin Özcän, un étudiant qui se décrit comme un membre actif du mouvement LGBT. "Le pouvoir s’attaque à nous car notre mouvement est à la pointe des protestations contre tout ce que ce régime incarne, s'écrie-t-il. Et plus notre voix porte, plus les attaques sont fortes."
J’ai été torturé en garde à vue, j’ai subi des menaces de viol, des fouilles à nu… Beaucoup de mes amis ont subi les mêmes traitements, mais nous restons mobilisés.
Havin, un étudiant turcà franceinfo
Les ONG décrivent une politique de plus en plus répressive et un discours de haine de plus en plus décomplexé dans un pays où l’homosexualité n’est pourtant pas illégale. La répression de la Gay pride est un symbole de ce durcissement. La première Gay pride d’Istanbul a eu lieu en 2003, année de l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan. Pendant des années, elle s’est tenue sans problème jusqu’à rassembler, en 2014, des dizaines de milliers de personnes. Mais depuis 2015, cette marche des fiertés est interdite et réprimée par la police.
Autre symbole fort de cette politique répressive, l’annonce par la Turquie de son retrait de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes, plus connue sous le nom de convention d’Istanbul. Les autorités prétendent que cette convention encourage l’homosexualité. Et les débats sur ce retrait ont provoqué une recrudescence des insultes et des menaces visant les LGBT, sur la scène politique, dans les médias et sur les réseaux sociaux. "Nous sommes face à une force, une idéologie, un discours qui cherchent à homogénéiser la société", explique Oguz, un étudiant qui participait récemment une manifestation pour défendre cette convention.
Ce pouvoir cible directement les citoyens LGBT et leurs ONG en les présentant comme des organisations criminelles. La justice finit le travail avec ses actes d’accusation.
Oguz, un étudiant turcà franceinfo
Le retrait turc de la Convention d’Istanbul sera effectif le 1er juillet. D’ici là, les ONG de défense des droits des femmes et des LGBT promettent d’autres manifestations pour continuer à être visibles et à se faire entendre dans l’espace public.
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