En Namibie, le long combat des descendants de victimes de la colonisation allemande
Les descendants de deux tribus namibiennes sont toujours dans l’attente d’excuses et de compensations financières. L'armée coloniale allemande a tué des dizaines de milliers de leurs ancêtres, lors de ce qui est considéré par des historiens comme le premier génocide du XXe siècle.
Les tribus Herero et Nama, en Namibie, demandent depuis plusieurs années la reconnaissance du génocide de leurs aïeux. Près de 80% de la population des Herero du pays et 50% des Nama ont été tués au début du XXe siècle par les troupes allemandes. Les discussions entre les gouvernements namibien et allemand ont été entamées en 2015, mais sont toujours en cours car il est très difficile de trouver un compromis sur la forme que doivent prendre ces excuses officielles et ces compensations.
Jusqu’à présent, l’Allemagne a simplement reconnu sa responsabilité pour les crimes commis entre 1904 et 1908. La Namibie était alors contrôlée par l’armée coloniale, quand les tribus Herero et Nama se sont révoltées. Les soldats déployés ont écrasé très violemment la rébellion, et les quelques survivants ont été abandonnés à leur mort dans le désert, ou placés dans des camps de concentration.
Les Allemands évitent d'utiliser le mot "réparations"
Pour ces communautés, les atrocités commises ont encore des répercussions aujourd'hui : leurs terres ne leur ont jamais été rendues, et la structure démographique du pays a été totalement bouleversée. L’Allemagne veille de son côté à ne surtout pas créer de précédent. Car selon Henning Melber, chercheur au Nordic Africa Institute, l’accord final pourrait avoir des conséquences plus coûteuses qu’il n’y paraît : "Quel que soit l'accord, sa forme pourrait avoir des répercussions plus larges pour l'Allemagne. Il y a d'autres dossiers en cours, dans lesquels le pays refuse de reconnaître sa responsabilité. Donc l'accord avec la Namibie pourrait aussi permettre de faire payer l'Allemagne en ce qui concerne d'autres atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale."
Il pourrait y avoir des conséquences encore plus larges, pour toutes les injustices commises en général à l'époque coloniale.
Henning Melber, Nordic Africa Instituteà franceinfo
Les communautés Herero et Nama gardent espoir mais commencent à s’impatienter, et elles regrettent surtout de ne pas pouvoir faire partie des discussions. Esther Muinjangue, femme politique Herero, se bat pour la reconnaissance du génocide depuis des années : "L'idée d'excuses et l'idée de réparations sont importantes pour pouvoir tourner la page. Mais cette blessure émotionnelle ne pourra guérir que lorsque nos communautés auront enfin une place à la table des discussions."
Le gouvernement namibien avait annoncé l’année dernière avoir refusé un premier accord... dont l’envoyé spécial de l’Allemagne a nié l’existence. Et depuis, rien ne filtre sur l’avancée des discussions.
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