Au Liban, une émission de télévision fait polémique en donnant la parole à des lesbiennes
Une émission de télévison libanaise évite la censure in extremis parce qu'elle invite des lesbiennes sur son plateau.
Une émission libanaise n'a failli jamais être diffusée à cause de l'orientation sexuelle de ses invitées. "Ana Heyk", "Je suis ainsi", émission de télévision de la chaine libanaise Al-Jadeed décide d'inviter ce mercredi 30 janvier des lesbiennes. Mais la programmation indigne les milieux conservateurs sunnites qui créént la polémique sur les réseaux sociaux et font appel à la justice.
L'émission ferait la "promotion de cas sociaux déviants"
Des torrents d’insultes, des propos haineux et homophobes apparaissent sur les réseaux sociaux assez rapidement après l'annonce des noms des invitées. Un recours en justice est même déposé pour interdire la diffusion. Les opposants prétextent que l’émission fait "la promotion de cas sociaux déviants, sape les valeurs morales du Liban et va à l’encontre de la loi qui pénalise l’homosexualité".
Au Liban, un article du code pénal libanais, l’article 534 crée la controverse. Le texte n’évoque pas explicitement l’homosexualité mais prévoit des peines pouvant aller jusqu’à un an de prison pour les relations sexuelles dites "contraires aux lois de la nature".
L'émission évite la censure
La juge des référés de Beyrouth a rejeté le recours. "Interdire le programme aurait relevé de la censure préalable", a-t-elle expliqué. L’émission a finalement été diffusée.
C'est une "victoire des libertés individuelles et d’expression", s’est félicité le présentateur du programme. Les associations LGBT libannaises satisfaites de cette décision de justice, saluent "l’intelligence" de la juge qui n’a pas "pris position en faveur de la communauté homosexuelle mais qui a posé des limites aux avancées des fondamentalistes".
Une affaire loin d'être isolée
Le Liban a la réputation d’être l’un des pays les plus ouverts et les plus tolérants du Moyen-Orient. L'homosexualité est de moins en moins tabou. Mais les résistances sont de plus en plus fortes. En octobre 2018, par exemple, les organisateurs d’une soirée "gay friendly"ont dû annuler in extremis leur évènement à cause de menaces physiques des milieux conservateurs sunnites. Les autorités religieuses soutenaient cette opposition. Comme dans l’affaire de cette émission de télévision, "Ana Heyk", la mobilisation et les pressions s'exercent par les réseaux sociaux. "De véritables campagnes de haine" y sont lancées, selon plusieurs associations qui s’alarment d’une recrudescence des atteintes aux libertés individuelles.
Pression constante des conservateurs sur l'Etat
En 2017, le Liban organise une première Gay Pride, la Beirut Pride. Elle devient la première Gay Pride du monde arabe. Les Libannais ne défileront pas dans la rue mais participeront à des conférences et des débats.
L'année dernière, en 2018, un an après le premier rassemblement, la même formule est annulée. Les organisateurs laissent tomber sous la pression du ministère de l’intérieur, lui-même sous pression des franges conservatrices du pays.
Si l'État reste ambigü sur la question, les avancées dans le pays viennent de la justice comme avec cette affaire d'émission de télévision. Plusieurs magistrats refusent de poursuivre des homosexuels ou des transsexuels. Cela avance donc doucement au Liban mais plus vite que dans d’autres pays arabes où l’homosexualité reste au mieux un tabou, au pire, un crime. La palme de l’intolérance allant à l’Iran, l’Arabie Saoudite où le Yémen où l’homosexualité est passible de la peine de mort.
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