Au Brésil, un peuple autochtone confronté à une vague de suicides chez les adolescents
225 peuples autochtones sont dénombrés au Brésil, dont les Ava-Guarani qui vivent au sud du pays, dans la Mata atlantica (la forêt atlantique). Des peuples bien souvent mal considérés par les régimes politiques.
Un peuple autochtone brésilien, les Ava-Guarani, est confronté à une vague de suicides inquiétante parmi ses jeunes. En 2021 sur une population d’à peine 5 000 habitants 20 adolescents ou jeunes adultes ont tenté de se suicider, 11 sont morts.
Les Ava-Guarani vivent à cheval sur le Brésil et le Paraguay, sur les rives du fleuve Parana, dans la Mata atlantica (la forêt atlantique). Ils ont essayé de comprendre ces suicides et organisé plusieurs rencontres. Lors de l'une d’entre elles, Maria Verrarios a accepté de parler. Elle a 17 ans et a tenté trois fois de mettre fin à ses jours. "Je me sentais médiocre. En vérité je pense que chacun a ses raisons de passer à l'acte, sa manière de souffrir. Dans mon cas, je ne me rappelle pas bien."
"Une chose m'a toujours affectée, c'est notre lutte, souvent c'est difficile."
Maria Verrarios, une Ava-Guarani de 17 ans qui a fait trois tentatives de suicideà franceinfo
La lutte dont Maria parle, c’est celle des Ava-Guarani pour se réapproprier leurs terres. Ils estiment qu’ils n’ont pas assez de place pour vivre. Les Ava-Guarani vivent sur deux territoires protégés de quelques centaines d’hectares, mais par rapport à ce qu’ils occupaient à l’origine, ils s’y sentent à l’étroit.
Itaipu, le barrage qui a détruit les terres sacrées
La forêt a été grignotée par la déforestation pour planter du soja, au milieu du XXe siècle. Et puis dans les années 1980, l’énorme barrage d’Itaipu a été construit et la retenue d’eau a englouti plus de 50 villages ava-guarani. En échange l’État a donc donné aux autochtones ces deux petits territoires. Gilberto Benites, un universitaire ava-guarani, qui enseigne les langues dans les villages, n’hésite pas à faire le lien entre les suicides actuels et l’édification d’Itaipu. "Itaipu n'a pas seulement détruit la terre, il a tué la moitié de notre culture, explique-t-il. Ces terres étaient sacrées. Aujourd'hui on souffre des conséquences. On est un peuple spirituel et on ne peut plus conserver la culture qu'on maintenait à l'époque."
Les Ava-Guarani estiment qu’ils ont le droit à plus, c’est ça, la "lutte" dont ils parlent, celle qui pèse sur le moral des parents, celle qui empêche les adolescents d’imaginer un bel avenir. Le peuple a décidé il y a quelques années de réinvestir des territoires appartenant officiellement à Itaipu. Ils ont installé des campements, mais les responsables du barrage font tout pour chasser les autochtones : ils refusent l’eau potable, l’électricité, ils entament même des procédures d’expulsion. Le barrage produit aujourd’hui 10 % de l’électricité du Brésil, 90 % de celle du Paraguay. C’est dire que juridiquement les Ava-Guarani ne font pas le poids, surtout sous un gouvernement Bolsonaro qui n’a démarqué aucune terre autochtone depuis son arrivée au pouvoir.
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