Surpopulation carcérale : au Royaume-Uni, les prisons vont bientôt être saturées

Au Royaume-Uni, les projections montrent que les établissements pénitentiaires pour hommes seront saturés d’ici novembre 2025

Article rédigé par franceinfo - Emeline Vin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une cellule de prison, photo prise le 1 septembre 2016. Photo d'illustration (JUSTIN TALLIS / AFP)
Une cellule de prison, photo prise le 1 septembre 2016. Photo d'illustration (JUSTIN TALLIS / AFP)

À l’heure actuelle, les prisons sont occupées à 99% en Angleterre et au pays de Galles. En 30 ans, la population carcérale a doublé et les peines de prison se sont allongées.

Pour éviter une situation de saturation dans les établissements, avec les risques sanitaires et sécuritaires que cela implique, le gouvernement va libérer certains détenus qui ont purgé 40% de leur peine et, ainsi, lancer l’opération Early Dawn. Il s'agit d'un plan d’urgence, qui permet d’incarcérer les nouveaux détenus dans les commissariats, le temps que des places de prison se libèrent. C’est une mesure de court terme, qui ne peut pas durer plus de quelques semaines.

La ministre de la Justice, Shabana Mahmood, a annoncé une mesure supplémentaire. Celle-ci concerne les ex-détenus libérés de manière anticipée et qui sont renvoyés en prison après avoir enfreint les règles de leur libération conditionnelle, soit 15% de la population carcérale. "Dans les semaines qui viennent, nous allons légiférer pour que les détenus libérés avant la fin de leur peine, comprise entre 1 et 4 ans, ne retournent en prison que pour une période fixe de 28 jours en cas d’infraction. Cela exclura certains condamnés, en particulier ceux coupables d’un délit grave pendant leur probation", explique la secrétaire d'État à la Justice. Le gouvernement espère ainsi libérer 1400 places d’ici novembre.

Une décision qui déplaît aux victimes

Les victimes s'inquiètent de voir les peines de leurs agresseurs réduites sans raison et craignent de ne pas être protégées, à l'instar des victimes de violences conjugales alors que les peines de prison pour violences conjugales dépassent rarement les 4 ans. Ces victimes sont représentées par Nicole Jacobs, commissaire chargée de la lutte contre les violences domestiques, qui estime au micro de Channel 4 que ces dernières sont ignorées dans les plans du gouvernement : "Qu’est-ce qui est prévu pour protéger les victimes ? Nous savons que la violence conjugale n’est pas un comportement isolé, c’est une répétition de comportements abusifs. On sait que les ordonnances de protection ne sont pas efficaces. Le gouvernement gère le problème de la surpopulation carcérale en s’adaptant à un système qui ne fonctionne déjà pas pour les victimes".

Lors de la dernière activation des mesures d’urgence, au moins 37 détenus ont été libérés par erreur alors qu’ils avaient déjà violé une interdiction d’approcher leurs victimes.

Des investissements importants pour lutter contre la surpopulation carcérale

À plus long terme, le gouvernement compte investir près de 5 milliards d’euros pour construire 3 nouveaux établissements pénitentiaires. Il vient, également, de dévoiler ses projets de réforme judiciaire pour repenser la répression et la dissuasion. L’objectif est que l’incarcération soit vraiment un dernier recours. Les recommandations doivent encore être traduites dans la loi, mais il s’agirait de supprimer les peines courtes, en l'occurrence celles de moins d’un an, d’augmenter les possibilités de libération anticipée pour bonne conduite et enfin de renforcer les peines non pénitentiaires, par exemple les travaux d’intérêt général. Toutefois, ces plans doivent encore être validés et, le cas échéant, n’entreront pas en vigueur avant au moins plusieurs mois voire années.

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