Retraite par capitalisation : le Chili, pionnier dans le domaine, cherche à réformer le système
Alors qu'en France le financement des retraites par capitalisation semble intéresser de plus en plus, le Chili, un des premiers pays à adopter ce modèle, essaye d’aller vers un système de sécurité sociale.
Le Chili a instauré, il y a 40 ans, ce système de retraite basé à 100% sur la capitalisation individuelle. Ce modèle a été mis en place pendant la dictature d'Augusto Pinochet, mais aujourd'hui il est fortement critiqué à cause des très faibles pensions qu'il verse aux retraités : 72% d'entre eux reçoivent une retraite inférieure au salaire minimum.
À Santiago, Rosario, une habitante de presque 65 ans, envisageait de voyager une fois à la retraite. Mais lorsqu'elle a vu le montant de sa pension, ça a été la douche froide. "Avant, avec mon travail, je gagnais entre 1 200 et 1 800 euros par mois, raconte-t-elle. Désormais, le montant maigre, ridicule et brutal de ma pension s'élève à 200 euros. Alors même que j'ai cotisé pendant 38 ans de ma vie." Aujourd'hui, sa retraite ne lui suffit pas pour vivre. Elle continue donc de travailler dans la vente, son métier de base.
"Ça a été très frustrant de comprendre que tous mes plans pour ma retraite tombaient à l’eau, car je vais devoir travailler jusqu’à ce que mon corps me le permette."
Rosario, retraitée travaillant encoreà franceinfo
L'État chilien verse bien des compléments de retraite mais, selon Marco Kremerman, économiste et chercheur à la Fondation Sol, c'est la capitalisation individuelle qui est responsable de ces faibles pensions. Notamment à cause des AFP (les administrateurs privés de fonds de pension) chargés de faire fructifier l'épargne des travailleurs. "Les AFP prélèvent d'importantes commissions à leurs affiliés et elles n'obtiennent pas forcément de meilleures rentabilités que le reste du marché", explique-t-il.
Une contribution des employeurs en hausse
En janvier 2025, une réforme a été approuvée par le Parlement. Même si elle ne va pas aussi loin que ce qu'aurait voulu le président Gabriel Boric - à savoir un financement public partiel des retraites - elle permettra d'augmenter entre 14 à 35% le montant des pensions actuelles, grâce notamment à la participation des employeurs.
Mais leurs cotisations seront redirigées sur les comptes de capitalisation individuelle des travailleurs, ce qui renforcera le système décrié des AFP, selon Marco Kremerman. "Finalement, la majeure partie des cotisations supplémentaires va aller dans le système privé. Et une toute petite partie financera une caisse publique, fustige-t-il. C'est l'inverse de ce qui se fait dans les systèmes mixtes ailleurs dans le monde."
Une mini-caisse de sécurité sociale
La réforme prévoit en effet une mini-caisse de sécurité sociale, qui n'administrera qu'une petite partie des 18,5% de cotisations obligatoires. Pour Guillermo Larraín, professeur d'économie à l'université du Chili et enseignant à Sciences Po Paris, c'est déjà ça de pris : "Il y a plein de choses que nous pourrons améliorer avec le temps. Mais après un blocage institutionnel de 15 ans autour de la question des retraites, je crois que le pays a fait un pas en avant avec cette réforme. Le dynamisme institutionnel est reparti alors qu'il était très faible ces dernières années."
Ainsi, si le Chili n'est pas près d'abandonner son système privé de retraites par capitalisation, il s'ouvre très lentement à un modèle plus mixte combinant diverses sources de financement.
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