Marche des fiertés à Bangkok : "Ici on peut se montrer en public, on se sent plus libre"

Depuis début 2025, la Thaïlande est le seul pays d'Asie du Sud-est à autoriser le mariage homosexuel. Une avancée célébrée dimanche 1er juin à Bangkok, lors de la plus grande pride du continent.

Article rédigé par franceinfo - Juliette Chaignon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des personnes défilent à Bangkok lors de la marche des fiertés, le 1er juin 2025, en Thaïlande. (CHANAKARN LAOSARAKHAM / AFP)
Des personnes défilent à Bangkok lors de la marche des fiertés, le 1er juin 2025, en Thaïlande. (CHANAKARN LAOSARAKHAM / AFP)

Dimanche 1er juin 2025, dans le centre de Bangkok, un long drapeau arc-en-ciel de plusieurs centaines de mètres avance avec le cortège. Ils sont quelques milliers de Thaïlandais et Thaïlandaises de la communauté LGBTQI+ à défiler sous une chaleur étouffante : des drag queens, des miss trans, une équipe de sport queer, des couples, des amis.

Dans la foule aussi, beaucoup d’étrangers, comme Fiki, une jeune chinoise. "On est toutes les trois lesbiennes et dans notre pays, ce genre de défilé n’aurait jamais lieu, explique-t-elle, donc on est venues à Bangkok pour participer. Ici, on peut se montrer en public, dire qu’on est lesbienne. On se sent plus libre." Libre aussi de se marier depuis quatre mois, avec l’entrée en vigueur du mariage entre personne de même sexe. En Thaïlande, près de 2 000 couples s'étaient unis le jour même.

Key aussi a passé la bague au doigt de sa femme : "On est mariées depuis le mois dernier !" Plusieurs couples portent leurs robes ou leur costume de marié pour le défilé.

"Nous sommes très fiers de la Thaïlande, que le roi et le gouvernement aient fait adopter le mariage entre personnes de même sexe."

Key, une jeune thaïlandaise

sur franceinfo

Une étape essentielle, mais insuffisante. La Thaïlande, un pays à majorité bouddhiste, a beau être vue comme plus ouverte que ses voisins aux minorités de genre, les discriminations persistent, explique Key. "Dans les grandes villes, ça va, mais dans les plus petites villes, si tu es une femme avec un look masculin, lesbienne ou gay, tu subis des inégalités", témoigne-t-elle.

Enfants, accès au travail... D'autres avancées sont attendues

Derrière Key, une banderole montre des couples de mêmes sexes avec leurs enfants. La loi ne leur permet, en théorie, que l’adoption. Présente dans le cortège, Sophie West Browne est responsable des programmes des Nations unies sur les droits LGBTQI+ en Thaïlande. "La reconnaissance légale de la transition de genre est une priorité, ainsi que l’accès, notamment aux personnes trans ou aux couples de même sexe, à des méthodes médicales pour concevoir des enfants", dit-elle.

"On encourage le gouvernement et on l’incite à travailler pour garantir encore plus de droits."

Sophie West Browne

sur franceinfo

Autre revendication : un meilleur accès au monde du travail. Dans la pride, plusieurs entreprises affichent leur logo aux couleurs arc-en-ciel. Un soutien toujours bienvenu, explique Sophie West Browne. "Nous sommes très attentifs au fait que les entreprises mettent bien en place de vraies politiques pour garantir l’accès au travail aux personnes LGBT", souligne-t-elle.

Le gouvernement thaïlandais, de son côté, revendique des retombées économiques positives grâce à une meilleure inclusion des employés LGBT. Les autorités voient aussi, dans la pride ou les mariages gays, l’occasion de générer plusieurs millions de dollars de revenus supplémentaires pour la Thaïlande.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.