Malnutrition infantile : des partis d'opposition et des ONG demandent des repas gratuits dans les écoles publiques

La malnutrition infantile est en forte hausse dans le monde. En Turquie, l'inflation pèse sur les repas scolaires, poussant parents et ONG à demander des repas gratuits dans les écoles publiques.

Article rédigé par franceinfo - Anne Andlauer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
En Turquie, une coalition de partis d'opposition et d'ONG fait campagne pour que l'Etat assure un repas gratuit par jour dans les écoles publiques. (Photo d'illustration). (SPEICH FREDERIC / MAXPPP)
En Turquie, une coalition de partis d'opposition et d'ONG fait campagne pour que l'Etat assure un repas gratuit par jour dans les écoles publiques. (Photo d'illustration). (SPEICH FREDERIC / MAXPPP)

La malnutrition des enfants est un problème mondial qui évolue à une vitesse alarmante. En France, un enfant sur cinq dit ne pas avoir trois repas par jour, selon l'Unicef. Les 27 et 28 mars 2025 à Paris, aura lieu le sommet "Nutrition for Growth". 

En Turquie, la situation est tout aussi préoccupante. La malnutrition infantile se propage sous l'effet de plusieurs années de très forte inflation. Une coalition, de partis d'opposition et d'ONG, fait campagne pour que l'État assure un repas gratuit par jour aux enfants des écoles publiques, un droit qu'ils estiment fondamental pour lutter contre la malnutrition. 

Le problème de la malnutrition à l'école 

Zeynep Culha Yeter, mère d'Ali Ege, un garçon de six ans, se souvient des premières années scolaires de son fils comme une période de stress et de fatigue intense. Ce n'est pas qu'il n'aimait pas l'école, mais Ali Ege rentrait chez lui affamé chaque jour. Dans son école publique en Turquie, comme dans la grande majorité des établissements publics du pays, il n'y avait pas de cantine. Pour leur déjeuner, les élèves devaient soit ramener leur repas de la maison, soit acheter un toast au fromage à la cafétéria. Ali Ege faisait les deux, mais à force de manger uniquement ces snacks, sa santé s'est dégradée. "Qu'arrive-t-il lorsqu'un enfant ne mange pas assez ? Mon fils était très souvent malade, il avait plus de mal à suivre ses leçons, à jouer. Pire, sa croissance s'est ralentie", explique-t-elle. 

Il y a deux ans, un groupe de parents a exercé des pressions pour qu'une cantine soit ouverte dans l'école. Cependant, ce service n'est pas gratuit. Zeynep doit payer environ 100 euros par mois, soit un dixième de son salaire d'enseignante. Bien que son fils aille désormais beaucoup mieux sur tous les plans, Zeynep se rend compte de la chance qu'il a : beaucoup de parents, en raison de leurs faibles revenus, ne peuvent pas se permettre de payer pour la cantine. Zeynep poursuit : "L'odeur des repas parvient jusqu'aux classes. Mon fils me demande : 'Maman, penses-tu que cela rend tristes les copains qui ne peuvent pas manger à la cantine ?' Ces repas devraient être accessibles à tous !"

Une grande partie des 16 millions d'enfants scolarisés dans les écoles publiques en Turquie ne mangent pas à leur faim ou mangent mal. Bien que le gouvernement turc ne publie pas d'études officielles sur le bien-être des écoliers, la dernière enquête PISA de 2022, une enquête de l'OCDE qui compare les performances des systèmes éducatifs de plus de 80 pays, montre que 19% des écoliers turcs déclaraient sauter au moins un repas par semaine par manque d'argent. La moyenne de l'OCDE était d'environ 8%. Selon la fondation TEPAV, en 2023, environ 35% des enfants turcs vivaient dans la pauvreté, deux points de plus qu'en 2021. 

L'appel pour un repas gratuit dans les écoles publiques

Face à cette situation alarmante, une coalition de partis d'opposition et d'ONG a lancé une campagne pour que l'État assure un repas gratuit par jour aux enfants des écoles publiques. Pour Hülya Daran Deveci, représentante de l'Association de parents d'élèves Veli-der, il s'agit d'une question de santé publique et d'égalité. 

"Dans notre pays, les inégalités continuent de se creuser entre les écoles publiques et les écoles privées."

Hülya Daran Deveci

franceinfo

"Les parents qui en ont les moyens peuvent envoyer leurs enfants dans une école privée, où ils mangent des repas chauds et équilibrés. Mais la grande majorité des habitants de ce pays gagnent le salaire minimum, qui est actuellement d’environ 550 euros. Ces parents n’ont aucune chance d’envoyer leurs enfants dans une école privée. L’État devrait répondre aux besoins primaires de tous les enfants, a fortiori dans les écoles publiques."

Cependant, malgré les arguments en faveur de cette mesure, le gouvernement turc refuse fermement de fournir des repas gratuits aux élèves des écoles publiques. Le principal argument avancé reste le coût élevé de cette mesure, surtout en période de restrictions budgétaires. 

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