En Afrique du Sud, le Zip Zap Circus, un exemple concret de l'utilisation de l'aide française au développement

Après les propos d'une eurodéputée Reconquête sur les projets financés par l’Agence française de développement, franceinfo s'est rendu au Cap, dans une école de cirque pour comprendre à quoi servent ces projets sur le terrain.

Article rédigé par franceinfo - Winny Claret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des artistes du Zip Zap Circus lors d'une répétition à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 3 août 2022. (KIM LUDBROOK / EPA / MAXPPP)
Des artistes du Zip Zap Circus lors d'une répétition à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 3 août 2022. (KIM LUDBROOK / EPA / MAXPPP)

À quoi sert concrètement l’aide française au développement en Afrique du Sud ? Alors que les États-Unis de Donald Trump promettent de supprimer plus de 90% de leurs programmes d’aide à l’étranger et que le Royaume-Uni annonce des coupes dans l’aide britannique, la France n’échappe pas au débat mis sur la table par l’extrême droite. Le 17 février, l’eurodéputée Reconquête, Sarah Knafo, dénonçait les projets financés par l’Agence française de développement (AFD) sur le plateau de CNews, citant, notamment, un projet de cirque sud-africain. Ces propos ont suscité une passe d’armes et une bataille de chiffres entre la députée européenne et le ministre délégué chargé de la Francophonie et des partenariats internationaux, Thani Mohamed-Soilihi. franceinfo s'est rendu au Zip Zap Circus, au Cap.

Zip Zap Circus a été fondé par une Française et son mari sud-africain il y a plus de 30 ans et est notamment aidé par l’Agence française de développement. C’est d’abord une école de cirque qui accueille 3 000 élèves chaque année de 4 à 25 ans. Un projet social que Laurence Estève et son mari ont lancé en 1992, dans une Afrique du Sud en pleine transition juste après l’abolition de l’apartheid. "C'était vraiment un outil pour rapprocher la jeunesse qui a grandi séparément, de façon structurelle, habitait dans des endroits différents, allait dans des écoles différentes", assure-t-elle.

Le cirque comme vecteur d’inclusion et de professionnalisation

Même si Zip Zap Circus accueille des élèves de toutes origines sociales, ses programmes ciblent surtout les enfants des townships du Cap et en particulier ceux en décrochage scolaire. "Ils ne marchent pas bien à l'école, ils sortent de l'école et après, ils traînent dans les rues", dit Laurence Estève. L’inscription est gratuite, des minibus vont chercher les enfants après l’école, et ceux qui n’en ont pas les moyens sont nourris. Ça va même plus loin puisque Zip Zap permet aux élèves de se professionnaliser. "Il y en a qui sont directeurs d'écoles de cirque en Allemagne, détaille Laurence Estève, il y en a qui sont encore dans les cirques en Europe et aux États-Unis".

D’anciens élèves sont aussi devenus professeurs de cirque, comme Lyia Makhele qui a grandi dans le plus grand township du Cap : Khayelitsha, où venait se produire le Zip Zap Circus quand il était enfant. "Je n'étais pas vraiment bon à l'école, se souvient-il. J'avais besoin de bouger dans tous les sens. Quand j'ai découvert Zip Zap, je me suis dit : c'est ce que je veux faire de ma vie." Le Graal, c’est d’intégrer Moya, la troupe du Zip Zap, qui se produit partout dans le monde.

À travers tous ses programmes, le cirque génère ses propres revenus. Il touche également des aides d’une centaine de partenaires, comme l’Agence française de développement.

"Ça nous a permis d'acheter de l'équipement. Mais aussi d'aller dans les cliniques des enfants séropositifs pour mettre en place des systèmes de support où les enfants jouent et ne sont plus victimes."

Laurence Estève, co-fondatrice de Zip Zap

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Depuis 2022, l’AFD a versé des subventions au Zip Zap Circus à travers plusieurs appels à projets, pour un total de près de 79 000 euros. Elle laisse volontiers les politiques débattre de l’intérêt de son école.

Combien ces aides coûtent à la France ? 

C’est l’un des grands débats suscités par Donald Trump et le gel de l’aide américaine : veut-on encore financer ces programmes d’aide au développement ? Une question qui était au cœur des discussions au Cap, puisque c’est là-bas que se tenait le sommet "Finance en commun", du 26 au 28 février. L’union des banques de développement du monde entier, dont l’Agence française de développement, était présente. L’occasion de mettre les choses au clair pour le directeur de l’AFD Rémi Rioux : "L'aide publique au développement française, c'était 14 milliards d'euros."

Ces 14 milliards d’euros, c’est la totalité de l’aide publique au développement de la France. Sur ces 14 milliards, l’Agence française de développement en gère 2 milliards, essentiellement sous forme de prêts, puisque c’est avant tout une banque. Le reste des 14 milliards est réparti dans de nombreux budgets, celui de l’État d’abord, et une part de la contribution française au budget européen. Mais aussi le budget du ministère de l’Enseignement supérieur et celui de l’Intérieur, puisqu'on déclare, par exemple, le coût des étudiants étrangers ou encore l’accueil des réfugiés comme de l’aide au développement. Ces 14 milliards d’euros représentent 0,7% du budget de l'État.

L’aide française recule. Le projet de loi de finances 2025 prévoit une baisse de 1,2 milliard d’euros par rapport à l’année précédente.

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