Les cosmonautes russes vont-ils aller sur la Lune ?
La Lune revient à la mode dans le petit monde astronautique. Après les Américains, qui se demandent si le satellite de la Terre ne serait pas plus facile à atteindre que la planète Mars, c'est au tour de l'agence spatiale Russe d'annoncer l'arrivée de ses cosmonautes sur la Lune en 2020... Quant à l'agence de voyage spatiaux américaine Space Adventures, elle promet elle aussi la Lune pour le cinquantenaire du programme Apollo...
La Lune, Mars, les astéroïdes... Mars, la Lune, les astéroïdes... Les astéroïdes, Mars, la Lune... Comme leurs homologues américains, les responsables Russes ne savent pas quoi faire de leurs astronautes : quelle destination leur assigner, lorsque la Station spatiale internationale (ISS) aura fini de tourner en rond autour de la Terre, dans une dizaine d'années ? Régulièrement, Roskosmos, la "Nasa Russe", fait de tonitruantes déclarations ; voici deux ans, c'était Mars qui était visée, aujourd'hui, c'est la Lune qui revient à la Une... Vladimir Popovkin, patron de l'agence spatiale Russe, vient en effet d'annoncer officiellement que les astronautes Russes pourraient fouler le sol lunaire, un demi siècle après leurs collègues Américains, d'ici 2020...
Cette annonce très martiale intervient dans un contexte difficile pour l'astronautique russe, qui connait depuis plus d'un an des déboires préoccupants. Satellites en panne, échecs de lanceurs, problèmes de fiabilité des modules habités, l'industrie spatiale Russe n'est plus au mieux de sa forme... Dans ces conditions, évidemment, personne ne peut prendre au sérieux l'annonce de Vladimir Popovkin. D'autant qu'aujourd'hui, la Russie – pas plus que les Etats-Unis, d'ailleurs – ne dispose des moyens de renouveler l'exploit d'Apollo : ni le lanceur, ni le module habité, ni le module d'alunissage n'existent ! L'industrie Russe étudie, il est vrai, de futures fusées plus puissantes que les Proton actuelles, et des capsules plus vastes que les Soyouz actuelles. Sur le papier, la future capsule PPTS (Perspektivnaya Pilotiruemaya Transportnaya Sistema) serait capable, comme son clone américain, Orion, d'emmener des astronautes en orbite lunaire... Oui, mais voilà, le PPTS n'existe que dans les logiciels 3D, pas un boulon, pas une vis du futur module n'a été encore usinée... On s'en doute, la Russie, d'ici 2020 et même plus tard, aura d'autres priorités que de développer un lanceur lunaire et un "Lem"... La dernière tentative russe pour atteindre la Lune avec un lanceur lourd, la N1, date de 1972 et s'est achevée par une gigantesque explosion, à 40 kilomètres d'altitude, soit 0,0001 % du trajet à parcourir...
Si les faits sont têtus, les fantasmes permettent toutes les licences : dans ce contexte technologique difficile, l'agence de voyages spatiaux américaine Space Adventures vient de son côté d'annoncer le premier voyage touristique autour de la Lune pour 2017 ! Space Adventures, c'est, en apparence, du sérieux : l'agence a vendu, en une dizaine d'années d'activité et pour une trentaine de millions de dollars le vol, sept tickets spatiaux, à bord de l'ISS, pour sept milliardaires. Le seul problème, c'est que, paradoxalement, ces milliardaires ont fait payer leur voyage spatial aux contribuables, puisque le prix du ticket qui leur a été bradé par Space Adventures ne correspond qu'au prix du lancement à bord du Soyouz russe... La semaine passée à bord de l'ISS, c'est vous, nous, moi, qui leur ont offert, via les agences spatiales nationales et internationales qui financent ce luxueux hôtel spatial à 100 milliards d'euros...
Space Adventures promet désormais un tour de la Lune pour 150 millions d'euros et dans cinq ans tout juste, pour fêter le demi-siècle du programme Apollo... Si l'obscénité de la somme peut faire frémir, heureusement, l'utopie de la proposition, elle, prête à sourire. Car envoyer un vaisseau habité autour de la Lune, même 50 ans après Apollo 8, ce n'est pas une mince affaire... Aujourd'hui, aucun lanceur n'en est capable. Il faudrait donc à Space Adventures affrèter deux fusées, une pour satelliser le touriste, l'autre pour satelliser son module lunaire. Il faudrait, encore, développer un module permettant de réaliser en toute sécurité le voyage aller-retour vers la Lune... Un tel programme est irréaliste, surtout dans les délais loufoques annoncés par l'agence touristique américaine...
Et pour quoi faire ? Voir la Lune, depuis un module grand comme une salle de bain, à travers un minuscule hubblot ? La Lune, nous pouvons la contempler à loisir, le soir, sur le pas de notre porte, et l'explorer, sans dépenser un milliard de dollars – le prix réel du développement d'un petit "train" lunaire - soit en la contemplant derrière un télescope, soit en découvrant l'extraordinaire image que la sonde américaine Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) a réalisée, montrant avec une précision inouïe tous les paysages lunaires. Une fantastique – et gratuite – invitation à la découverte d'un autre monde, avec ses mers de lave solidifiées, ses montagnes, ses cratères, ses anciennes rivières de lave, ses volcans...
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