Le Pakistan secoué par le meurtre d'une jeune fille de 17 ans, très populaire sur TikTok

Sana Yousaf a été tuée par balle, chez elle, à Islamabad, le jour de son dix-septième anniversaire. Largement suivie sur les réseaux sociaux, la jeune fille a manifestement été ciblée parce qu'elle ne répondait pas aux messages du suspect, âgé de 22 ans.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sana Yousaf a été tuée par balles lundi 2 juin dans les rues d'Islamabad au Pakistan. (CAPTURE D'ECRAN X)
Sana Yousaf a été tuée par balles lundi 2 juin dans les rues d'Islamabad au Pakistan. (CAPTURE D'ECRAN X)

C'était un visage connu des jeunes pakistanais, nombreux à suivre sa vie quotidienne sur le réseau social TikTok, où Sana Yousaf comptait plus de 800 000 abonnés. Lundi dernier, le 02 juin, ils étaient encore beaucoup à suivre les images de la jeune fille, appréciée pour ses contenus où elle se filmait en train de chanter ou de se maquiller, qui fêtait ses 17 ans au restaurant, découpant avec ses amies un imposant gâteau d’anniversaire.

Des images diffusées quelques heures avant sa mort, le soir même, dans la capitale Islamabad. Sana Yousaf a été tuée par balles, chez elle, et un homme de 22 ans, aperçu en train de rôder autour de sa maison, a été arrêté le lendemain alors qu'il prenait la fuite. Selon les enquêteurs, le suspect avait multiplié les tentatives pour contacter la jeune fille, sans succès. Sana Yousaf a donc manifestement été tuée parce qu'elle ne répondait pas aux messages de ce garçon.

Ce nouveau féminicide a largement fait réagir dans le pays, avec un flot de messages sur les réseaux sociaux, la plupart pour exprimer compassion et recueillement, mais aussi parfois pour pointer la prétendue responsabilité de la jeune fille...

Des actes souvent impunis

La presse pakistanaise s'est emparée de l'affaire, rappelant que plusieurs femmes, populaires en ligne, ont été victimes de crimes violents ces dernières années. Le cas le plus emblématique remonte à 2016, quand une jeune star des réseaux sociaux, Quandeel Baloch, décrite comme la "Kim Kardashian du Pakistan", avait été tuée par son frère, au prétexte qu'elle postait des vidéos trop "choquantes" sur Facebook. Des actes qui restent pourtant souvent impunis, notamment en vertu d'une loi sur les "crimes d'honneur" en vigueur au Pakistan, et qui autorise à protéger l'honneur de la famille. Régulièrement avancée par les auteurs de violences contre les femmes, elle a fait l'objet de révisions ces dernières années, mais ces modifications ne sont pas toujours appliquées par la justice.

Le sujet dépasse évidemment les frontières du Pakistan, et le succès de la série phénomène, "Adolescence", a montré combien la question était universelle. Il y a quelques semaines, l'Italie a changé sa législation pour faire du féminicide un crime à part entière. Dans la foulée du meurtre violent de Giulia Cecchetin, qui a bouleversé le pays fin 2023, l'Italie a encore été confrontée ces derniers mois à plusieurs affaires de jeunes étudiantes tuées par des garçons.

"Il ne s'agit pas d'incidents isolés", conclut une militante pakistanaise après la mort de Sana Yousaf, mais d'une "culture dans laquelle les femmes sont punies pour leur visibilité, leur indépendance ou par le fait de dire non"...

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