Le juge Moraes, l'inflexible justicier derrière le procès Bolsonaro au Brésil

Le magistrat de 56 ans est derrière toute la procédure visant l'ancien président d'extrême droite, dont la phase finale s'ouvre mardi. Alexandre de Moraes est aussi dans le collimateur de la Maison Blanche, mais se pose en défenseur intransigeant de l'état de droit.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'ancien président brésilien (2019-2023) Jair Bolsonaro à gauche, et le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, à droite, qui a ordonné son assignation à résidence le 4 août 2025. (EVARISTO SA,SERGIO LIMA / AFP)
L'ancien président brésilien (2019-2023) Jair Bolsonaro à gauche, et le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, à droite, qui a ordonné son assignation à résidence le 4 août 2025. (EVARISTO SA,SERGIO LIMA / AFP)

Le juge Moraes est devenu la bête noire de Jair Bolsonaro, mais aussi des États-Unis, où Donald Trump l'accuse de mener une "chasse aux sorcières" contre son allié d'extrême droite. Le président américain pèse d'ailleurs de tout son poids pour faire pression sur le magistrat. Il la personnellement visé Alexandre de Moraes dans des sanctions du Trésor américain, en gelant ses biens et ses avoirs dans le pays. Donald Trump utilise même l'arme des tarifs douaniers pour influer sur l'issue du procès, avec des droits de douane de 50% imposés début août sur certains produits brésiliens.

À l'origine de toute la procédure, Alexandre de Moraes est le juge du Tribunal suprême fédéral du Brésil et président du Tribunal électoral supérieur. Avec son crâne rasé et parfaitement lisse, le magistrat emblématique inspire autant la crainte qu'il distingue le personnage. Il ouvrira, mardi 2 septembre, les dernières audiences en l'absence du principal accusé, jugé notamment pour tentative de coup d'État après les émeutes qui avaient secoué la capitale fédérale le 8 janvier 2023. Jair Bolsonaro risque jusqu'à 40 de prison.

Un justicier apolitique

Les pressions américaines n'ont pas freiné le juge, bien au contraire. "Au Brésil, le pouvoir judiciaire est indépendant et courageux" a rappelé Alexandre de Moraes, qui après avoir décidé d'assigner Jair Bolsonaro à résidence début août, a ordonné la semaine dernière une surveillance permanente de l'ancien président, en invoquant "un risque de fuite".

Une sévérité qui entretient le sentiment d'acharnement dénoncé par l'ancien président, dont l'entourage parle de "juge persécuteur" et compare ses méthodes à celles des dictatures marxistes. Alexandre de Moraes se défend de toute politisation de l'affaire, et son parcours n'a rien de celui d'un guérillero. Libéral convaincu et partisan de l'ordre, il dénonçait "les attitudes criminelles" des mouvements de gauche quand il occupait le fauteuil de ministre de la Justice. Les militants du camp de Lula se souviennent d'ailleurs des blindés envoyés par l'intransigeant "shérif" pour réprimer les manifestations.

Mais Alexandre de Moraes est aussi celui qui a tenu la démocratie brésilienne à bout de bras et à coups de procédure sous la présidence Bolsonaro, en luttant sans relâche contre les dérives autoritaires ou les fausses informations. Lors des émeutes du 8 janvier 2023, à Brasilia, c'est lui qui a ordonné l'arrestation de plus de 2 000 putschistes, et qui a ouvert une série d'enquêtes pouvant conduire l'ancien président en prison d'ici quelques jours.

Les audiences finales vont être menées pendant cinq jours par l'inclassable magistrat.

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